L’ingénieur-architecte, créateur du « Tegpos » (territoire à énergie globale positive), prône des stratégies environnementales qui ne s’arrêtent pas aux performances techniques.

 Franck Boutté est ingénieur civil des Ponts et chaussées (1988-1992) et architecte, formé à l’école d’architecture Paris-Belleville (1992-1997) : « deux univers qui, au mieux, s’ignorent et au pire, se détestent ». Elément déclencheur de son activité de consultant, cette expérience fait naître en lui la volonté d’« effectuer la synthèse de ces deux univers - la conception et l’ingénierie, l’invention et la mesure » - qu’il pense « complémentaires et indissociables ». Les problématiques environnementales et de développement durable lui apparaissent comme « une formidable occasion de réunir ces deux mondes, de casser et dépasser les frontières établies ». Son agence, créée en 2007, regroupe concepteurs et ingénieurs : « le travail en commun permet de faire la synthèse sur les projets à différentes échelles (bâtiment, ville et territoire) », explique-t-il. Les 30 collaborateurs de l’Agence Franck Boutté Consultants se répartissent entre Paris, Bordeaux et Nantes. L’agence s’est spécialisée dans la réponse aux enjeux environnementaux, du bioclimatisme aux certifications environnementales. Elle intervient en matière de conception, d’assistance à maîtrise d’ouvrage, d’accompagnement de politiques publiques, d’animation de réseaux.

A l’échelle du bâtiment, l’agence est engagée sur la rénovation du Grand Palais (avec l’agence LAN), la construction de l’Ecole normale supérieure à Saclay (Renzo Piano Building Workshop), le projet « Mille arbres » qui couvrira le périphérique parisien Porte Maillot (avec les architectes Sou Foujimoto et OXO) ; à l’échelle du projet urbain, elle participe à la maîtrise d’œuvre urbaine pour l’aménagement des secteurs Bercy-Charenton et Gare de LyonDaumesnil à Paris (pour Espaces Ferroviaires), ou encore à la mission d’assistance sur le volet développement durable pour la Sadev94 sur Ivry Confluence. Elle est aussi présente dans de nombreuses équipes pour Réinventer Paris, Réinventer la Seine et Inventons la Métropole du Grand Paris. Par ailleurs, elle a développé des compétences spécifiques dans la mobilisation des habitants ou potentiels acquéreurs (écoquartier fluvial de MantesRosny, concertation du projet urbain de Micheville…) ou dans la co-construction de projet territorial (Ivry Port Nord, filières d’écoconstruction sur le territoire de l’OIN Alzette-Belval).

« Les fondements de la durabilité sont à anticiper très tôt dans les orientations et les formes urbaines, en amont de la conception des bâtiments », souligne Franck Boutté. « Il est indispensable d’agir sur les éléments qui perdurent au fil des siècles et donc de s’intéresser aux formes de la ville durable et aux performances intrinsèques des bâtiments, avant de se focaliser sur le choix de systèmes performants. […] La durabilité d’un bâtiment ou d’une opération d’aménagement ne se trouve pas dans une gadgétisation technique, une surenchère de systèmes greffés sur des édifices non pensés dans un sens bioclimatique, mais dans une réflexion des stratégies et des dispositifs urbains, architecturaux et constructifs, qui souvent coûtent peu mais ont un impact réel ». L’ingénieur-architecte prône « une philosophie de l’effort mesuré, une valorisation du couple effort/ gain et un raisonnement en coût global visant à réduire l’empreinte écologique et générer de la valeur architecturale, territoriale, des qualités d’usages, du bien-être, de la résilience, de la complexité… ». Il a élaboré la notion de Tegpos (territoire à énergie globale positive), avec l’ambition de passer « de l’idéal d’autonomie performantielle [porté par le Bepos, le bâtiment à énergie positive] au partage d’un bien commun ». Cette « fabrique de péréquations » conjugue « l’énergie blanche liée à l’usage réglementaire, domestique et aux compensations, l’énergie grise liée à la fabrication, l’énergie cinétique liée aux déplacements, l’énergie sociale liée aux services, l’énergie créative dans ses dimensions culturelles, l’énergie du changement d’état liée à l’évolutivité, l’énergie économique… ».

Un territoire est dit « Tegpos » lorsqu’il produit plus d’énergie qu’il n’en consomme, mais en considérant toutes ces énergies.

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Tegpos : le partage du bien commun. © Agence Franck Boutté Consultants

Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains