Olivier KLEIN Olivier KLEIN © DR

Pour le maire (PS) de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) depuis 2011 et président de l’Anru depuis novembre 2017, c’est l’école qui doit être au cœur du renouvellement urbain des quartiers en difficultés. D’autant que les équipements publics sont un signe plus rapidement visible du changement.

 Olivier Klein a vécu au Chêne Pointu, un des quartiers difficiles de Clichy-sous-Bois, dans sa jeunesse. Devenu professeur puis principal d’un collège du département, il a succédé à Claude Dilain à la mairie de Clichy-sous-Bois en 2011. Ce territoire (Clichy-Montfermeil) a porté l’une des plus importantes opérations de renouvellement urbain de France (sur la cité des Bosquets à Montfermeil, la Forestière à Clichy-sous-Bois, et dans le Haut Clichy-quartier du Plateau), qui s’est poursuivie en 2015 par une Opération d’intérêt national de requalification des copropriétés dégradées (Orcod-IN) du Bas-Clichy et par une opération Cœur de ville. Autant dire qu’Olivier Klein sait de quoi il parle. « Quand on m’a proposé la présidence de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, j’ai fait acte de candidature car j’ai eu le sentiment que je pouvais être utile à cette maison en accélérant l’Anru 2 ». Pour ce faire, une enveloppe de dix milliards d’euros a effectivement été délivrée et de nouvelles règles du jeu ont été fixées. « Le passage de l’Anru 1 à l’Anru 2 n’a pas été simple, cela a pris du temps, ce qui a peiné les équipes. Elles sont aujourd’hui très mobilisées », défend-il.

L’homme plaide pour le pragmatisme. Surtout, il réfute les dogmes. « Un PRU réussi, ce n’est pas un PRU où on a tout démoli. Dans certains endroits il faut démolir, mais pas toujours. Il faut aussi et surtout des transports pour que ces territoires se rapprochent des grands lieux de formation et d’emploi, il faut des équipements et de la culture, et il faut aller vite. Un programme de rénovation urbaine, c’est cinq, dix, quinze ans. C’est long. On a vraiment à travailler sur la gestion du temps pour donner à voir la transformation tout de suite. Je plaide pour les démarrages anticipés des programmes, commencer vite sans se lancer dans des études qui prendront trop de temps ».

Et comme « il est plus rapide de s’attaquer à un équipement public que de construire des logements », l’école doit être, selon le président de l’Anru, le démonstrateur des changements à l’œuvre. « A Clichy, on avait prévu trois écoles. Nous les avons construites sur des sites non prévus au départ mais libres immédiatement, pour pouvoir les livrer au plus vite ». Mais là n’est pas la seule vertu de l’école dans le renouvellement urbain. Olivier Klein plaide « pour que l’école soit exemplaire, qu’elle soit un élément phare. Les habitants qui vivent dans les quartiers en rénovation sont impatients, ils aspirent à vivre dans un espace qui les rende fiers. L’école, c’est une des raisons pour lesquelles des familles s’ancrent dans un territoire ». Cet homme pressé se déplace souvent en moto-taxi, histoire d’aller plus vite… Il file de Grigny aux Mureaux, de Mulhouse à Nîmes. « Les problèmes sont différents à chaque fois », précise-t-il. « Mais avant de “vendre” de la mixité en faisant venir de nouveaux habitants, je pense qu’il faut donner envie de rester à ceux qui ont envie de partir, notamment les jeunes qui quittent le foyer familial. Il faut des logements, il faut créer un parcours résidentiel, il faut que les habitants soient fiers de leur environnement. Il faut beaucoup d’humanité pour faire la ville ».

Ateliers medicisÂAgnes Fernandez bis

Ouvrir grand les portes de la culture à Clichy-sous-Bois. Telle est une des missions des Ateliers Médicis, créés par le ministère de la Culture entre Clichy-sous-Bois et Montfermeil, tout près de la future station du Grand Paris Express. © Agnes Fernandez

Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains