Comment faire entrer les zones d’activités économiques dans l’urbanité ? C’est autour de cette question que se sont rencontrés les six membres du collectif Point Virgule, en 2016 aux Ateliers de Cergy, lors d’une session dont le thème était « Zones d’activités économiques, dynamiques urbaines, économiques et emploi ». S’en est suivi un « post-atelier » intitulé « Nouveau regard sur les ZAE », objet d’un ouvrage, que le collectif envisage comme le premier de quatre axes d’action pour « la transformation des territoires et le développement économique local, pour répondre aux enjeux contemporains de lutte contre l’étalement urbain et de compétitivité économique territoriale, qui se font parfois au détriment du développement du territoire et du bienêtre de ses habitants ».
Les trois autres axes structurant la proposition du collectif Point Virgule sont, en premier lieu, la « sensibilisation » du public, à travers notamment un concours de photographie intitulé « Regards sur les ZAE », lancé cette année, et qui a reçu 117 candidatures. Des études et expérimentations pour le compte d'opérateurs publics et privés, visant à « pousser plus loin la réflexion et amorcer l’action concrète », et une « contribution au débat d’idées », complètent cet arsenal structurant. « Nous avons, en tant que membres, des trajectoires de vies différentes, des manières particulières de voir et de définir l’espace, renforcées par des formations et métiers originaux, mais un désir commun : dialoguer, échanger, et contribuer à une question contemporaine, celle de la mutation des espaces productifs urbains, et singulièrement des zones d’activités économiques », explique le collectif. Une construction singulière qui « fait la force » du groupe. Une structure horizontale, aussi, où chacun amène, à son échelle, selon ses compétences et son vécu, du grain à moudre aux débats et aux projets. Point Virgule se veut « agitateur d’idées à l’interface entre les différents acteurs
de la ville, qu’ils soient des usagers, acteurs publics, privés ou issus de la recherche ».
Le collectif cherche aujourd’hui à développer des outils permettant d’accompagner les gestionnaires des zones d’activités et/ou les entreprises propriétaires de leur foncier pour révéler les potentialités de leur parcelle dans les ZAE (densification, optimisation, mutation, adaptabilité, etc). Cette méthode, qu’ils ont appelée Bimiby (Build in my industrial backyard ) vise à transposer les méthodologies Bimby (Build In my backyard), pensées pour les quartiers pavillonnaires, aux ZAE. Point Virgule se définit comme un collectif de recherche et d'action urbaine. En plus de projets opérationnels, ils participent régulièrement à des colloques et séminaires de recherche, posture originale pour un collectif d'urbanisme. Ils ont notamment participé au colloque de Cerisy « Nouveaux enjeux prospectifs des territoires et co-construction des stratégies » (direction Isabelle Laudier et Lucie Renou, Institut CDC pour la recherche) fin août dernier, et au colloque « #saturations Appropriation inventive et créative » à l'école polytechnique de Lausanne, en juin.
Xavier Lours, urbaniste-photographe, a remporté, avec sa série « Rodéo », le Premier prix du concours photo organisé par le collectif cette année. Plande-Campagne, entre Aix-en-Provence et Marseille, est l'un des plus grand malls à ciel ouvert d'Europe. A la nuit tombée, loin des radars, s’organisent des rodéos urbains, ces rassemblements d'amateurs de drifts et de voitures trafiquées. Un regard étonnant sur les usages hors-cadre qui se déploient dans les ZAE en dehors des horaires de travail. © Xavier Lours