JA Lens

Directrice générale de la Fabrique de la Cité

Il y a un an, Céline Acharian prenait la direction de la Fabrique de la Cité, le think tank des transitions urbaines créé par Vinci en 2010. Une sorte de synthèse du parcours de cette ancienne élève de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon, titulaire par ailleurs d’une licence de lettres et de deux diplômes de troisième cycle en philosophie et en communication politique et sociale : auparavant, Céline Acharian fut, en effet, directrice de la communication de l’Institut de recherche en sciences du numérique (INRIA) puis de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). A l’INRIA, elle accompagna durant plus d’une décennie la transformation numérique de la société française, au plus près des plus éminents chercheurs et au cœur des écosystèmes d’innovation tels que la « French Tech ». A l’ASN, elle put se forger une vue assez complète de la politique énergétique et de ce que celle-ci implique pour les territoires mais également en termes de relation aux publics.

La Fabrique de la Cité, c’est un peu tout cela réuni dans une vision à 360 degrés. Le fonds de dotation réunit acteurs et experts de toutes disciplines et de tous horizons géographiques pour identifier et comprendre les enjeux économiques, sociaux et écologiques des villes. Elle s’appuie sur les expertises des membres de son comité d’orientation pour définir un programme annuel de débats, de rencontres, d’études de terrain et de travail documentaire. Attentive aux meilleures pratiques françaises et internationales, elle observe les équilibres et les dynamiques propres aux territoires, met en lumière des initiatives inspirantes, clarifie les controverses et soumet au débat public des propositions de nouveaux modèles de développement des villes. Autrement dit, dans un aller et retour permanent entre théorie et pratique, la Fabrique de la Cité fait un travail d’écoute - auquel Céline Acharian a pu se former dans l’univers du nucléaire, où, comme toujours dans les sciences dures, tout se dit certes avec des mots très techniques mais où il faut aussi savoir d’un système de contraintes à un autre se faire le médiateur d’une information à même de répondre aux attentes – et de mise en accord, au sens harmonique du mot, domaine qui n’est pas non plus étranger à cette musicienne pratiquant la flûte traversière.   

Céline Acharian considère d’ailleurs que la société n’a sans doute jamais eu autant besoin de métiers d’intermédiation - dont celui d’urbaniste -, d’échanges et d’ajustements. Ce qui prend bien sûr du temps, mais un temps nécessaire car si l’urgence des transitions urbaines s’impose comme une feuille de route, l’apparition d’objets démocratiques nouveaux réclame en premier lieu la définition de règles nouvelles.

Depuis quatre ans, la Fabrique de la Cité a ainsi choisi de s’intéresser particulièrement aux villes moyennes. Longtemps prises en tenaille entre campagne et métropoles, celles-ci semblent, en effet, de nouveau peser dans l’équation urbaine, certaines investissant massivement pour l’amélioration de la qualité de vie de leurs habitants, dans la redynamisation de leur centre-ville, la réhabilitation de friches industrielles ou le rafraîchissement. Pour Céline Acharian, les villes moyennes ont la bonne taille pour conduire des projets avec tous les acteurs autour de la table. Elle constate que des transitions s’y trament déjà dans des territoires aux ADN très différents, expérimentations dont les grandes agglomérations devraient pouvoir tôt ou tard tirer parti...