> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"
© Pascale Braun
Adjointe au maire de Metz et vice-présidente de l’Eurométropole, Béatrice Agamennone travaille depuis trois décennies les sujets de mobilité, de développement durable et de nature en ville, mais est n’est apparue dans la vie politique que depuis une quinzaine d’années. Directrice adjointe du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) du Grand Est, l’ingénieure en chef des Ponts, des eaux et des forêts a participé en tant que citoyenne aux réunions publiques organisées en 2008 par Dominique Gros, avant d’être élue adjointe du nouveau maire socialiste de la ville, en charge des espaces verts. Candidate dissidente de LREM aux élections municipales de mars 2020 – ce qui lui valut l’exclusion du parti présidentiel -, elle a apporté au deuxième tour un soutien décisif à François Grosdidier (LR), alors même que les écologistes de la ville s’attendaient plutôt à la voir rejoindre le candidat de la gauche.
A mi-parcours de ses nouveaux mandats, Béatrice Agamennone s’affirme pleinement satisfaite de son choix. « Je voulais être en charge de la transition écologique et énergétique. J’ai obtenu les délégations correspondantes, avec la liberté et les moyens d’agir », assure l’élue. A Metz, elle a fait planter 3 000 arbres, tant dans les parcs qu’en voirie. Elle dissémine des îlots de fraîcheur dans les quartiers, ouvre des cours d’école au public hors périodes scolaires et se propose de faire entrer la végétation dans le nouveau quartier très minéral de l’Amphithéâtre, jusqu’à la dalle brûlante du centre Pompidou-Metz.
A la Métropole, elle redessine le ring de pistes cyclables encore hétérogènes et dangereuses, transforme en toile d’araignée le réseau de transports en commun en étoile qui converge vers la gare et travaille à un écosystème alimentant les transports urbains en hydrogène. Elle se réjouit également du succès des navettes fluviales électriques Metz’O, dont la desserte a été étendue.
Rompue à la concertation, l’ingénieure organise une demi-douzaine de réunions publiques par mois. Elle se déporte lorsque les sujets métropolitains impliquent le Cerema, mais fait fièrement valoir l’expérience de Metz en matière de gestion de l’arbre en ville. Des délégations de France entière viennent visiter le jardin botanique, mais aussi le petit bois « antipollution » planté en lisière du quartier populaire de Borny. Issue de l’étude Sésame (Services écosystémiques rendus par les arbres modulés selon l’essence) publiée fin 2019 par le Cerema Est, la futaie bardée de capteurs mesure les capacités de différentes essences à absorber les émissions toxiques générées par la circulation. Les services de la ville et l’agence d’urbanisme messine Aguram s’apprêtent à mettre en œuvre le plan-guide de l’aménagement des espaces publics où figureront en bonne place les thématiques de marchabilité, de jardins de poche et de forêts urbaines.
Formée à l’Ecole nationale des travaux publics de l’Etat de Lyon, passée par la DDE d’Ille-et-Vilaine, où elle accompagna les initiatives environnementales et sociales précurseuses de Pierre Méhaignerie, admiratrice fervente du botaniste Jean-Marie Pelt – qui développa le concept d’écologie urbaine à Metz -, la mère de trois enfants se dit non pas anxieuse, mais inquiète des ravages de plus en plus perceptibles du réchauffement. Exaspérée par le climatosceptiscime persistant, elle s’affirme d’autant plus pressée d’agir.