Jérôme BARATIER Jérôme BARATIER

© Patrick Garçon

« Les 100 qui font la ville ? Vous devriez plutôt titrer sur les 100 qui refont la ville », sourit Jérôme Baratier, depuis Nantes Métropole où il occupe la fonction de directeur général délégué à la Fabrique de la ville écologique et solidaire. Certes, l’appellation apparaît un brin pompeuse. Mais le portefeuille se caractérise quand même par une exceptionnelle épaisseur. Il embrasse mobilité, urbanisme, habitat, nature, jardins, eau, assainissement et espaces publics ! Soit 1 200 agents.

En poste depuis janvier 2023, Jérôme Baratier se voit ainsi confier la réalisation d’une nouvelle feuille de route, sur la base notamment du bien-nommé « Grand débat Fabrique de nos villes. Ensemble, inventons la vie de de demain », lancé en mars dernier. Elle doit donner lieu à différents engagements début 2024, qui « incarneront une forme de bifurcation » plus en phase avec les différentes transitions, climatique, écologique, foncière, etc. Une bifurcation « vers plus de nature en ville » (dixit Johanna Rolland, la présidente de la métropole) qui au passage, se matérialise déjà à travers le changement de cap opéré à l’échelle du projet urbain Gloriette-Petite Hollande piloté par Henri Bava (Agence TER).

Sur le plan du mode de faire, Jérôme Baratier souhaite aussi « ouvrir le capot, pour multiplier les mécaniciens de la ville dont la conception n’est pas qu’une question de de PLUm et de Shon ». Référence notamment aux habitants : « il faut que cette transformation soit portée par le plus grand nombre ». D’autant plus que la fabrique à la sauce Zac devrait demain laisser la place au sur-mesure. Et même au « sur-mesure de masse où la création de valeur est partagée ». Et d’ajouter : « je n’attends pas grand-chose des planifications écologiques et autres de l’Etat. Ce sont des systèmes d’acteurs fédérés aux différentes échelles locales qui sauront inventer des trajectoires ‘capacitantes’ ». Il insiste : « Le fait urbain, c’est le local ».

Jérôme Baratier, 50 ans, avance ainsi avec le « fait local » en boussole. Après des études généralistes entre hypokhâgne et Sciences Po Lyon, ce natif de Saône-et-Loire entame une première vie au sein des collectivités, qui le verra « creuser le sillon du développement urbain et social des quartiers » : directeur général adjoint (DGA) des services à Givors (Rhône), puis directeur du grand projet de ville de Tours (Indre-et-Loire) en 2001, avant d’être nommé  directeur du développement urbain de l’agglomération puis de prendre la tête des services de la Ville de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire).

En 2007, pas de côté. Direction l’Agence d’urbanisme de l’agglomération de Tours (ATU) où il est bien sûr question « d’éclairage et de prospective » mais aussi « d’aide au passage à l’acte ». Et de citer le dossier del’autoroute A10, appelée à contourner l’agglomération mais finalement « intégrée au métabolisme urbain à travers la signature d’une convention bas carbone entre la collectivité et Vinci Autoroute ». La première du genre. Jérôme Baratier restera 15 ans à la tête de l’ATU. « Puis, j’ai perçu un petit risque de notabilisation », plaisante celui qui est également professeur affilié à l’Ecole urbaine de Sciences Po, depuis 2005. Un cadre idoine pour rappeler les grands principes de la fabrique de la ville, qui figurent dans son Petit guide de survie pour futurs urbanistes1, paru en 2016 et qui continue de vivre sa vie. A savoir : « elle ne doit pas être confisquée par les experts. Elle doit intégrer le vivant sous toutes ses formes et permette de faire ensemble ». Et enfin, « il faut porter le regard sur des espaces qu’on a peu ou pas écoutés et envisagés dans leurs transformations à partir de ce qu’ils sont vraiment. Le péri-urbain, par exemple ». Sa future feuille de route nantaise ?

 

 

 

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

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Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains