> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"
©juanjerez
Suisse par sa mère, né à Grasse d’un père à moitié piémontais, Stephan Bernard cultive la mixité et la discrétion. Cette retenue se prolonge jusque dans le nom de l’agence qu’il préside : Carta-Reichen et Robert Associés, structure issue de la fusion en octobre 2021 des agences Reichen et Robert (Paris) et Carta Associés (Marseille). Une fusion menée à bien par les deux directeurs des agences, qui se connaissaient et s’appréciaient, Marc Warnery de Reichen et Associés et Stephan Bernard donc, avec pour points communs « la nationalité suisse et la propriété de nos entreprises puisque nous en détenions chacun plus de 90 % des parts ». Objectif : « la création d’une grande structure d’architecture française pérenne ». CARRA compte désormais 125 collaborateurs à Paris et Marseille mais aussi à Nice, Rabat et Genève.
A 50 ans passés, Stephan Bernard savoure cette nouvelle aventure managériale. « A l’origine, je n’étais pas programmé pour être architecte. Mes parents n’avaient pas d’ancrage dans l’immobilier ou le BTP. J’avais passé un bac électronique, mais j’aimais dessiner et j’étais intéressé par la construction. J’ai sauté le pas et intégré l’école d’archi de Marseille-Luminy » (ENSAM). Durant son cursus, le destin place sur son chemin un starchitecte. « Jean-Michel Wilmotte est venu habiter dans mon village de l’arrière-pays grassois. Il m’a proposé de faire un stage dans son agence puis de passer mon diplôme chez lui à Paris. Je lui dois tout ! Nonobstant mon manque d’expérience, il m’a envoyé au front dès le départ. En cinq ans, j’ai appris autant qu’en dix ans ailleurs, en travaillant sur des projets incroyables en Corée, en Allemagne, au Portugal... ».
A la fin des années 1990, nouveau virage : « Wilmotte a travaillé avec Roland Carta sur le siège régional de GDF à Aix. L’idée de revenir dans le Sud me titillait. Roland m’a observé durant deux ans et a fini par me proposer de le rejoindre à Aix d’abord puis à Marseille. Euroméditerranée démarrait. On sentait le souffle du renouveau urbain s’amorcer... ». Il enchaîne les projets : la transformation du silo du port de Marseille en salle de spectacles, l’hôpital de Manosque, l’hôpital Pasteur à Nice avec l’agence Reichen et Robert, la construction de l’hôpital Européen, au cœur d’Euroméditerranée. L’architecte se forge une conviction : « au-delà des aspects purement fonctionnels, la construction d’un équipement est l’occasion de (re)penser la ville qui l’entoure ».
Le travail sur le « déjà-là » est justement l’un des points forts de Bernard Reichen, Grand Prix de l’urbanisme 2005. Une dimension commune que Stephan Bernard cultive dans chacun de ses projets, tels la réhabilitation de l’ancienne Poste Colbert en bureaux, dans un quartier qui abrite les vestiges de la Marseille antique. Marier passé et futur au présent... Un peu le Graal de tout concepteur urbain.
Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains
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