Claude BERTOLINO Claude BERTOLINO

 Jamais deux sans trois. Dix ans après sa nomination à Marseille par Cécile Duflot, Claude Bertolino entame son troisième quinquennat à la direction générale de l'Etablissement public foncier de Provence-Alpes-Côte d'Azur (EPF Paca). Le 15 juillet 2023, cette architecte et urbaniste générale de l’Etat a vu son mandat renouvelé pour cinq ans par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

Depuis son bureau niché au dernier niveau d’un ancien palace reconverti en pôle tertiaire au beau milieu de la Canebière, Claude Bertolino travaille sans relâche à faire baisser la fièvre du marché foncier d’un territoire en proie à la spéculation immobilière. Une mission de régulation semée d’embûches dans une région régulièrement pointée pour le nombre record de communes carencées en logements sociaux. Sous sa houlette, l’EPF Paca qui a fêté récemment son vingtième anniversaire a triplé le montant cumulé de ses engagements, passant de 750 millions d’euros à plus de 2,5 milliards. Un véritable sacerdoce ? Pas pour cette dirigeante qui a passé son diplôme à Chaillot avec un mémoire sur les quartiers d’habitat populaire et remis, en 2014, à Cécile Duflot le rapport « Mobiliser le foncier privé des secteurs urbanisés » dans le cadre de la mission gouvernementale « Objectifs 500 000 logements ».

« Après avoir démarré ma carrière à Lyon au Syndicat mixte des transports pour le Rhône et l’agglomération lyonnaise (Sytral), je suis rapidement revenue dans le giron de l’habitat avec plusieurs postes en DDE, d’abord à Blois au service logement-politique de la ville puis à Versailles en tant que chef du service habitat-rénovation urbaine-constructions publiques. C’était l’époque de la loi Besson sur fond de crise du logement francilien. Nous étions au début des années 2000, un moment charnière marqué par l’émergence des premiers PLH et la dissolution de certains établissements publics d’aménagement (EPA) », se souvient-elle.

En 2006, changement d’échelle. « J’ai été promue à la direction du service de l’habitat et de la rénovation urbaine à la DRE d’Ile-de-France où j’ai notamment participé à la mise en œuvre du droit au logement opposable et porté les états généraux du logement en Ile-de-France, un travail partenarial qui a permis d’inspirer la loi Boutin du 25 mars 2009 ». En 2009, la fusion des DRE dans les nouvelles Dreal rebat les cartes de l’administration déconcentrée. « J’ai alors participé à la préfiguration de la nouvelle direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement (DRIHL) en Ile-de-France, avant d’en être nommée directrice adjointe. J’y suis restée un an avant que Nadia Bouyer (ndlr : alors dircab’ du ministre du logement Benoist Apparu) me propose le poste de directrice générale de l’EPF des Yvelines ».

Pendant deux ans à Versailles, elle s’imprègne des enjeux de régulation du foncier en zone tendue. Une mission que le ministère lui propose de prolonger dans le Sud pour succéder à Pierre-Louis Soldaïni, l’homme qui a mis en orbite l’EPF Paca. « Je suis arrivée à Marseille en juin 2013. A l’époque, l’EPF avait des emprunts dédiés par opération : Chalucet à Toulon, Euroméditerranée à Marseille... A chaque fois, nous devions solliciter les collectivités pour qu’elles nous garantissent les emprunts. Cette obligation nous bridait et renchérissait les coûts du foncier. Elle a fini par sauter en 2014. Ce qui nous a permis de recourir à un emprunt global de 90 millions d’euros pour financer notre action. Aujourd’hui, la machine a atteint son rythme de croisière. On est quasiment à l’équilibre achats / cessions. Ce qui nous permet de nous désendetter ». Cette marge de manœuvre n’est pas un luxe dans une région marquée par les événements dramatiques comme l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille et la tempête Alex dans les vallées de l’arrière-pays niçois. « A chaque fois, nous sommes mobilisés pour racheter les immeubles frappés d’arrêtés de péril ». Cette mission d’urgentiste, l’EPF Paca la déploie également sur plusieurs copropriétés dégradées de Marseille : Bel Horizon, Maison Blanche, Hoche Versailles, Le Gyptis, etc. Un travail où l’urgence du relogement le dispute aux opérations de chirurgie lourde dans la dentelle urbaine.

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

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Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains