JA Lens

Crédit Florent Drillon

Fondée, il y a 40 ans, par Michel Péna, architecte paysagiste de renom, l'agence Péna Paysages, basée à Paris, change de mains en 2018. Ghislain de Larouzière, 47 ans, accède aux commandes. Patrick Bouchardon, 51 ans, le rejoint l'année suivante en tant qu'associé. Le tandem d'architectes-paysagistes se connaît très bien. « Avec Patrick, nous avons beaucoup de références communes. Il était chef de projet dans mon équipe à l'atelier Villes et Paysages, nous avons travaillé quasiment 13 ans ensemble avant de nous associer ». Patrick Bouchardon n’a « pas hésité une seconde quand Ghislain m'a proposé de l'accompagner » : « j'avais envie de construire quelque chose ».

Le courant passe dès la première rencontre entre Michel Péna et Ghislain de Larouzière. « Je voulais le voir pour qu'il me donne des conseils. Lui cherchait quelqu'un pour le remplacer à l'agence. Je me suis tout à fait reconnu dans les valeurs qu'il développait dans ses projets, avec beaucoup de créativité, d’enthousiasme, de style...». Pour Patrick Bouchardon, c'est presque un retour aux sources. « J'ai fait mon tout premier stage d'étudiant en première année d'école de paysage chez Péna Paysages, j'avais adoré ce stage ».

La passation de l'agence s'opère en bonne intelligence. Pendant deux ans et demi, Michel et Christine Péna continuent de participer aux projets. « Cela nous a permis de comprendre comment Michel Péna concevait ses projets et ce que je pouvais apporter, et de mieux maîtriser les savoir-faire de l'équipe et quelques points stylistiques de l'agence ». Cinq ans plus tard, Ghislain de Larouzière estime que le flambeau a été transmis avec succès. En atteste la réception de trois reconnaissances aux Victoires du paysages 2022 pour les Allées Jaurès de Montrouge, le cimetière paysager de La Baule, et le centre commercial Cap 3000 à Saint-Laurent du Var. « Des projets initiés par Michel Péna et finalisés sous ma direction, c'est à la fois un coup de chapeau à Michel et la consécration d'une poursuite du travail, j'en suis très fier ».

Le président insuffle une nouvelle dynamique, modernise les équipements mais « toute l'équipe est reprise ». Cette dernière s'étoffe et oscille aujourd'hui autour d'une dizaine de salariés. « Ce que je trouve intéressant, c'est qu'on a des collaborateurs qui ont intégré les savoir-faire de l'époque de Michel, et qui ont su les faire évoluer avec l'expérience », se réjouit Ghislain de Larouzière.

Aux projets récemment remportés par l'agence - la refonte urbaine des mails d'Orléans, le paysagement de la nouvelle station d’épuration Haliotis 2 à Nice -, le tandem ajoute la relance de champs d'actions en sommeil, comme les jardins privés pour l'hôtellerie. « Nous sommes contents de renouer avec une certaine sophistication du végétal que permettent des projets moins sollicités par l'usage public ». L'agence a livré pour le dernier festival de Cannes l'oasis de la cour intérieure de l'hôtel Martinez, « un petit bijou très complexe » selon Patrick Bouchardon.

En 2024 entreront en phase opérationnelle deux projets d'ampleur : la refonte du site de Villevert (friche industrielle) à Louveciennes, et l'aménagement du centre-ville de la Roche-sur-Yon, « un des premiers projets 100 % Ghislain-Patrick avec notre propre vision et signature », précise Patrick Bouchardon. « Nous avons proposé au maître d’ouvrage un projet en contrepoint de l'image très militaire et napoléonienne de la Roche-sur-Yon, dans une approche beaucoup plus sensible et même féminine de l'espace, ce qui a énormément séduit ».