Thomas CHARRIER Thomas CHARRIER

« Passionné de ville durable et bas carbone », comme il se décrit, l’urbaniste Thomas Charrier, 33 ans, ose à peine dire qu’il voue également une forme de fascination au béton. « Bien sûr, je n’aime pas en voir couler mais je ne peux m’empêcher de dire qu’il y a quelque chose de magique dans les constructions en béton brut ». Il conçoit avant tout l’aspect durable de la ville dans sa circularité. « Avant de construire, regardons l’existant », insiste-t-il. Un existant ainsi érigé en « patrimoine et matière première ». A bord de son agence créée en 2021 et appelée sans surprise Territoire circulaire, Thomas Charrier se concentre particulièrement sur la vacance. D’abord celle du logement à travers une quête d’objectivité. « En France, le nombre de 3 millions de logements vacants revient très régulièrement », explique-t-il. « Il est réel. Il doit interpeller mais il sous-tend aussi une vision simpliste selon laquelle il suffirait de les rénover pour les convertir en habitations ». De quoi alors fluidifier le marché en accueillant des centaines de milliers de personnes mal-logées et au passage, lutter contre l’artificialisation des sols. Pas si simple… Car « les vases communicants n’existent pas en la matière ». Pour au moins une bonne raison : les besoins qui ne situent pas forcément là où se trouve la demande… « De nombreux enjeux territoriaux se cachent derrière la vacance », appuie-t-il. Et c’est justement l’objet du portail Pas de vacances pour la vacance1 qu’il a lancé en mars 2022. A partir des données des fichiers Insee et Lovac, son site internet permet de visualiser en instantané la situation en matière de vacance de logement de telle ou telle commune, qu’elle soit structurelle ou conjoncturelle. De quoi également mettre en parallèle cette vacance avec les données des permis de construire ou d’aménager, déposés sur le secteur. A l’origine, il souhaitait en faire un outil pour lui, afin de localiser la vacance dans les différents territoires. Puis est venu « par hasard », un appel à communs - Résilience des territoires - de l’Ademe en avril 2021 qui a accéléré le processus et propulsé ce portail au rang de bien commun puisqu’il est accessible gratuitement. Il s’agit donc d’un outil d’aide à la décision potentiellement précieux pour les collectivités qui, depuis début 2023, peuvent aussi s’appuyer sur Zéro logement vacant (ZLV), développé par l’Etat pour outiller les collectivités dans le but de cibler les propriétaires de logements vacants.

Après le logement, Thomas Charrier s’attaque à la vacance commerciale. « Nous en sommes au stade d‘élaborer une méthodologie, ce qui n’est pas simple face à la diversité d’acteurs et de contextes ». Idéalement en y intégrant un petit groupe de professionnels, histoire de faire la ville avec l’existant donc, mais aussi avec ceux qui la vivent. Un point central pour ce pur Parisien du 14e arrondissement doté notamment du Master Bioterre (Biodiversité Territoire Environnement) de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et passé par la direction RSE de Nexity. Tellement attaché à son arrondissement que jeune adolescent, il rêvait de travailler un jour à… la mairie du 14e. Et au sein du service urbanisme. « Ça m’a longtemps paru inaccessible », sourit-il aujourd’hui… son rêve exaucé ! Le jeune urbaniste y resta près de trois ans, période 2015-2017. Montparnasse, Parc Montsouris, ancien hôpital Saint-Vincent de Paul, réhabilitation de la Maison d’arrêt de la santé… « nous avions en moyenne une soixantaine d’opérations en cours tout le temps ». Le tout, sur un terrain « tout de même très resserré », appuie-t-il. Idéal pour une fabrique de la ville en dentelle. A partir de son existant, bien sûr.

 

 

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

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Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains