JA Lens

Depuis trois ans, Frédéric Corset dirige l’association EnvirobatBDM, réseau qui promeut la construction et l’aménagement durable en version méditerranéenne et souffle cette année ses vingt bougies. « A l’origine, Envirobat était un centre de ressources. Alors qu’Internet était encore balbutiant, c’était à la fois un forum et un pôle de recherche où maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage avaient la possibilité d’échanger sur leurs pratiques autour d’un mantra : comment adapter le modèle de la construction passive au climat méditerranéen ».

Le jeune diplômé de l’école d’architecture de Nancy était loin de Marseille et de ses étés caniculaires. « J’avais rédigé mon mémoire de fin d’études sur les lotissements. Avec un modèle : celui des cités jardins, ces rêves de ville à la campagne... ». Il découvre le prisme écologique en 2001. « Mon épouse qui était architecte des bâtiments de France venait d’être mutée à Metz. Je l’ai suivie et intégré l’Atelier A4. C’est là que j’ai entendu parler pour la première fois d’écologie dans l’aménagement et la construction ». Un déclic. « En 2005, j’ai suivi une formation sur la qualité environnementale. Je suis entré de plain pied dans un univers qui est encore le mien aujourd’hui ». Alors que l’Etat lance le Grenelle de l’environnement, la réduction de l’empreinte carbone du bâti s’impose comme un enjeu clef dans la fabrique de la ville, au sein de l’agence Matières d’Architecture à Charleville-Mézières, Frédéric Corset découvre la construction bois.

En 2008, la crise des subprimes frappe de plein fouet l’activité immobilière. Le marasme affecte évidemment l’agence ardennaise. « En 2010, avec Frédéric Denisart, nous avons monté la Fabrique du Territoire, une agence d’urbanisme qui planchait sur des projets de pôles d’échanges multimodaux, l’aménagement d’espaces publics dans le quart nord-est du pays ». Simultanément, il pilote une chaire sur le génie urbain au sein de l'Institut d'Aménagement des Territoires, d'Environnement et d'Urbanisme de Reims (IATEUR) tout en s’engageant au sein de l’ordre des architectes de Champagne-Ardenne.

En 2013, nouveau virage, vers le grand Sud. « Mon épouse a été mutée à Marseille. J’ai à nouveau suivi le mouvement ». Frédéric Corset intègre Soliha Provence : « J’ai découvert un monde totalement inconnu : le monde du logement insalubre, du Dalo... ». En 2015, il rejoint Envirobat comme pilote du pôle évaluation et accompagnement des projets, puis comme directeur adjoint avant d’en prendre la direction en 2020.

En deux décennies, le référentiel « BDM » s’est imposé comme un label incontournable : plus de 650 projets ont reçu sa griffe. « Le maître d’ouvrage qui s’engage dans la démarche bénéficie d’un accompagnement dès la genèse de son projet. Il est assisté dans la conception de son cahier des charges en partant de l’identification de ses besoins. Cet accompagnement, et c’est là une des originalités de la démarche, se prolonge tout au long de l’opération, avec les maîtres d’œuvre puis avec les entreprises », précise le directeur.

Au fil du temps, « le confort d’été s’est imposé aux côtés de la réduction de la consommation énergétique en hiver. Et EnvirobatBDM a essaimé sur tout le territoire : Occitanie, Nouvelle Aquitaine, Franche Comté, Bretagne ». « BDM » a désormais un petit frère : « QDM », pour « Quartier durable méditerranéen ». « Il s’agit de travailler à l’échelle urbaine avec des projets pilotes comme le quartier Bel Air à Avignon », explique Frédéric Corset. EnvirobatBDM garde évidemment son ADN de défricheur en élargissant son approche à des sujets comme la santé et l’eau. « Nous comptons également travailler sur la reconversion des friches, un enjeu mis en exergue par le Zéro artificialisation nette. L’extension urbaine et les coûts faramineux qu’elle induit en termes financiers et environnementaux n’est plus une option. Nous refusons d’ailleurs de labelliser les projets développés ex nihilo dans le périurbain », conclut le directeur.