> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"
Depuis le 1er janvier 2023, Aurélie Cousi est directrice générale de l'établissement public d'aménagement Euroméditerranée (EPAEM). Une fonction opérationnelle de terrain pour cette X-Ponts qui avait été auparavant durant près de trois ans directrice de l’architecture au ministère de la Culture.
Des salons feutrés de la rue de Valois à la revitalisation des anciens quartiers industrialo-portuaires de Marseille, le changement de climat et d’ambiance est assez radical. Pas de quoi effrayer cette Toulousaine qui a de la famille en Provence. « J’ai toujours aimé l’énergie de Marseille. Contrairement à d’autres métropoles, cette ville a su conserver une mixité sociale dans son centre. Ce mélange forge une créativité que l’on ne retrouve pas forcément ailleurs », raconte celle qui est la première femme à la barre de l’EPAEM.
Euroméditerranée ? Une évidence pour la successeure d’Hugues Parant qui a débuté son parcours professionnel au mitan des années 2000 à la Direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement en Ile-de-France (DRIEA) : « J’ai été séduite à l’idée de travailler sur un projet qui embrasse tous les grands enjeux du moment : l’environnement, l’économie, le social, l’urbanisme... ».
Le fonctionnement d’un EPA n’est d’ailleurs pas une découverte pour la nouvelle Marseillaise d’adoption. En 2010, elle fut directrice adjointe en charge de la stratégie opérationnelle à la direction de l’immobilier de l’EPA Paris-Saclay. Un poste qu’elle a occupé durant trois avant de rejoindre le cabinet de Bertrand Delanoë à la Mairie de Paris comme conseillère en charge de l’urbanisme.
Le temps long inhérent à la fabrique de la ville, Aurélie Cousi en maîtrise les enjeux. Une expertise utile sur Euromed, opération d’intérêt national (OIN) qui entre bientôt dans sa vingt-neuvième année d’existence. Avec en ligne de mire la reconversion urbaine des 170 ha de friches, grandes infrastructures et autres noyaux villageois qui composent l’extension septentrionale du projet. « En plus d’un quart de siècle, le contexte a évolué. L’enjeu de l’habitat comme les préoccupations écologiques et sociales sont encore plus prégnants que sur Euromed 1 dans ce périmètre situé à la charnière entre les quartiers nord et le centre-ville. Le réchauffement climatique impose désormais de réfléchir à la réduction de l’empreinte carbone de nos projets. La dimension sociale de l’opération est également primordiale : l’œuvre de renouvellement urbain ne doit pas s’effectuer au détriment des habitants des quartiers sur lesquels nous intervenons. Enfin, on compose avec le déjà-là : le patrimoine industriel de la zone arrière-portuaire mérite d’être remis en scène. Pas question de faire tabula rasa ! Ces friches vestiges du passé industriel du port ont un cachet qui impose le respect. Elles représentent en outre un immense gisement foncier inscrit dans la trame urbaine », décrypte la directrice générale.
Cette seconde phase de l’OIN, l’établissement public la met en musique dans un contexte institutionnel marseillais où les planètes ne sont pas toujours alignées. Un éparpillement qui s’arrête aux frontières du périmètre de 480 hectares de l’opération selon Aurélie Cousi : « Au sein de l’EPAEM, il y a une forme d’union sacrée qui ne s’est jamais démentie. Le soutien de l’Etat est important. Mais l’OIN est surtout au service de projets concrets dans un site exceptionnel à proximité du centre-ville. Cette dynamique opérationnelle est un formidable ciment ».