> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"
Elle se définit en deux mots : « engagée et inventive ». Au vrai, Constance de Alexandris c’est bien plus qu’un engagement citoyen et des idées. En créant Ecoceaty en 2016, cette ancienne responsable de projet dans la promotion immobilière (Linkcity, Covivio, Redman), urbaniste de formation (DESS d’Urbanisme et d’aménagement de Sciences Po) a tout simplement ouvert un nouveau champ du projet urbain. Sa société, basée à Marseille, propose en effet d’intégrer des « écosystèmes alimentaires durables » à l’aménagement. « L’alimentation est un levier particulièrement efficace pour favoriser la cohésion sociale d’un territoire, agir sur les enjeux relatifs à la préservation de l’environnement mais également sur ceux questionnant la santé et plus généralement le bien-être », a pu observer celle qui a d’abord mis ses convictions au service d’un réseau d’épiceries sociales et solidaires.
Mais qu’est-ce qu’un écosystème alimentaire durable au juste ? « Cela consiste à développer et mettre en réseau en un lieu donné (quartier, ville, métropole) des projets porteurs d’innovation sociale sur tout ou partie de la chaine alimentaire, de la production à la consommation en passant par la transformation et la distribution. Chaque écosystème est donc spécifique au projet et au territoire dans lesquels il s’inscrit car son développement se fait en lien avec une dynamique locale, une histoire, un paysage et un tissu d’acteurs. »
Partant du postulat que la façon dont on fabrique la ville est déterminante pour nos pratiques alimentaires, Ecoceaty offre ainsi aux décideurs de les accompagner dans la conception à travers une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage et/ou de conseil.
Trois exemples concrets à différentes échelles : dans le cadre de l’opération de restructuration des abords de la gare Lyon-Perrache par Apsys-Quartus, une programmation originale vise la triple implantation d’un marché d’intérêt local à destination des restaurateurs et des distributeurs, d’un incubateur/centre de formation et d’un jardin à même d’éduquer aux variétés potagères oubliées ; à Noisiel/Torcy, dans la communauté d’agglomération Paris-Vallée de la Marne, c’est une « cité productive dédiée à l’alimentation durable et innovante » tournée vers les besoins de certaines filières franciliennes qui s’est installée en lieu et place de l’ancienne chocolaterie Meunier (Nestlé) ; enfin, à Montévrain, toujours en Seine-et-Marne, Sogeprom travaille avec Ecoceaty à l’intégration d’un tiers-lieu « de bouche » coconstruit avec les futurs habitants au cœur d’un projet de 100 logements collectifs.
Ecoceaty intervient aussi auprès des collectivités sur les enjeux de démocratie alimentaire attachés aux Projets alimentaires de territoire (Métropole Aix-Marseille-Pays d’Arles) et à la restauration scolaire (Montpellier). La recherche-action et l’évaluation de projets de transition alimentaire sont deux autres compétences de la société. Parmi les clients d’Ecoceaty : l’INRA ou la Fondation Carasso.
Sa conviction : « chacun devrait pouvoir accéder géographiquement, économiquement et culturellement à une alimentation de qualité. Or la récente crise sanitaire a permis de toucher du doigt les limites de notre système alimentaire, fondé sur des outils de production concentrés et le plus souvent éloignés des bassins de consommation auxquels ils s’adressent. En parallèle, les circuits courts, aux valeurs très fortes, se multiplient. Considérant qu’à l’horizon 2050 la population vivra aux deux tiers en ville, il apparaît impératif de bâtir le projet urbain autour de la qualité de vie et donc de l’alimentation. »