« Tout au long de mon parcours, j’ai eu la chance de rencontrer des personnalités fortes de l’aménagement. » Caennais d’origine, diplômé de l’Ecole nationale des travaux publics de l’Etat (ENTPE) et titulaire d’un master de l’Institut d’urbanisme de Lyon, Arnaud Diguet a surtout œuvré pour de « grandes maisons », comme un chef cuisinier multiplie les expériences dans des restaurants étoilés. Tout d’abord, la SERM, à Montpellier, où il a passé 12 ans, au pilotage de projets tels que la Zac Ovalie, l’écoquartier des Grisettes ou la nouvelle gare TGV. « Je suis fier d’avoir été à cette école. » Puis Paris-Saclay, en tant que directeur de projet, où d’un campus il a contribué à faire émerger un morceau de ville : le quartier du Moulon. « Avec Christophe Delmar et Anne-Sylvie Bruel, nous nous sommes attelés à ancrer le projet urbain dans son territoire, en réhabilitant des rigoles historiques, en créant un réseau de noues, en réintroduisant une échelle plus intermédiaire dans des projets jusqu'alors monolithiques et coupés du quartier. »

Enfin, EpaMarne depuis 2019, où, en tant que directeur opérationnel de la direction 03, il conduit une quinzaine d’opérations sur la communauté d’agglomération de Marne et Gondoire, dont la Zac du Sycomore, fer de lance de la construction bas carbone (4 500 logements dont 50 % en structure bois), et la Zac de la Rucherie (600 000 m2 d’activités superposant les fonctions pour en limiter l’emprise), à Bussy-Saint-Georges. « Tout l’intérêt d’EpaMarne est d’être amené à travailler à grande échelle, à combiner ville et campagne et non à les opposer, à accompagner un paysage en développement. »

Une telle trajectoire inocule inévitablement un certain nombre de valeurs. Arnaud Diguet dit être attaché à « l’usage du projet urbain », sujet sur lequel il va même jusqu’à pousser la réflexion en famille, son épouse exerçant les mêmes fonctions que lui à Paris La Défense. « C’est le sens même de notre métier », argumente-t-il. « Or, ces dernières années, le savoir-faire de l’aménageur a été pas mal chahuté car il y a toujours en souterrain cette tentation de déléguer au privé. »

Comme un entraîneur de rugby Arnaud Diguet en appelle donc à « un retour aux fondamentaux ». Il n’est, en effet, jamais inutile de rappeler les bases : « En amont, sécuriser les procédures ; en aval, soigner tous les détails, y compris la pierre que l’on va choisir pour la bordure de trottoir. » A ce propos, il lui revient en mémoire cette anecdote : « Un jour, je marchais dans Lille et je tombe sur Jean-Louis Subileau [ndlr : directeur général de la Saem Euralille de 1998 à 2010]. Il se trouvait sur un chantier d’espace public où la discussion tournait autour de l’art de bien calepiner. C’est exactement cela le métier d’aménageur : ne jamais perdre de vue le terrain. »

Puisque ça n’est pas l’objet premier de notre entretien, Arnaud Diguet oublie (volontairement ?) de nous dire qu’après ses études, il a passé deux ans pour la coopération au Kenya, tranche de vie dont il a tiré un premier roman : Cendres d’Afrique (Ed. L’Harmattan, 2010) ; suivi rapidement d’un deuxième : 7 ans d’oubli (Ed. Bénévent). Grand voyageur, Arnaud Diguet a également publié des récits de ses pérégrinations en Inde, au Guatemala, en Chine et même participé à la rédaction d’un Guide du Routard (Ed. Hachette). Il confie tout de même travailler aujourd’hui à la co-écriture d’un nouveau livre, plus en rapport avec son quotidien.

 

 

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

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Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains