Jean-Philippe DUGOIN-CLÉMENT Jean-Philippe DUGOIN-CLÉMENT

L’habitat fait le citoyen : c’est le titre de l’ouvrage publié avant l’été par Jean-Philippe Dugoin-Clément (éditions de l’Aube) et préfacé par Jean-Louis Borloo. On se demande toujours où un homme qui est maire d’une commune de 15 000 habitants, occupe un poste de vice-président d’une grande région et chapeaute le conseil d’administration d’un gros aménageur trouve le temps d’écrire. Mais « JPDC » est au départ un cadre de la fonction publique (il débuta sa carrière en tant que directeur de cabinet d’Yves Jégo à Montereau-Fault-Yonne avant d’en devenir le directeur général des services) et il sait quelle place a pris la communication dans la politique au cours des deux dernières décennies. Or il avait des messages à faire passer : « Résoudre la crise du logement ne relève ni d’une politique de droite ni d’une idée de gauche. C’est une priorité nationale qui transcende les courants politiques. »  Il propose un allongement de la durée des prêts immobiliers en faisant porter ceux-ci sur le bien et non plus la personne, un assouplissement des normes de construction, une « territorialisation » de la loi SRU, l’intensification plutôt que la densification, un encadrement du foncier et non des loyers, une remise à plat de la stratégie ZAN, le rétablissement d’un lien direct entre l’acte de construire et la fiscalité locale.

Jean-Philippe Dugoin-Clément se fait, en effet, l’avocat des maires bâtisseurs, « qui n’ont plus aucun intérêt objectif à construire, ni budgétairement, ni politiquement » et qu’il faudrait soutenir, comme le font la Région Ile-de-France, son établissement public foncier (Epfif), qu’il préside également, et Grand Paris Aménagement. Il plaide de bonne guerre pour sa chapelle, Mennecy, qui, bien que proche de certains quartiers difficiles de l’Essonne, a traversé sans trop de dommages la période des émeutes, grâce à l’omniprésence d’une police municipale qui jouit d’un bâtiment flambant neuf (une nouvelle gendarmerie est également en cours de construction). Le maire (UDI) deux fois réélu préfère toutefois parler « sûreté » que sécurité. Et Mennecy sait aussi être rock n’roll quand elle accueille en septembre son festival de metal dans le parc de Villeroy. Une collection de figurines pop donne d’ailleurs une couleur décalée au bureau de Monsieur le Maire, admirateur de John Lennon. « JPDC » est en définitive un personnage inclassable qui peut, par exemple, décider de faire cause commune avec une association locale de protection des animaux en truffant sa voirie de panneaux de signalisation « Ralentir hérissons » ou « Chats en balade » !

Celui qui orchestre la révision du Schéma directeur de la Région Ile-de-France (Sdrif) pour le rendre environnemental (Sdrif-e) refuse ainsi d’opposer crise sociale et impératif écologique : « Ce serait absurde, irresponsable et stérile. Il faut répondre aux deux. Et ce n’est certainement pas en considérant le logement uniquement comme une ligne de compte dans un budget contraint qui cherche à cocher toutes les cases des agences de notation qu’on y parviendra. » Till Lindemann, le chanteur star du groupe Rammstein, n’aurait pas fait mieux avec son lance-flammes.

 

 

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

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Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains