JA Lens

Antoine Frey prend plaisir à ce qu’il fait, c’est le moins qu’on puisse dire : « J’ai créé cette entreprise en 2007, et depuis je vis un rêve. Ce métier est fabuleux. Nous fabriquons le cadre de vie des gens, le commerce est une matière passionnante ! C’est le fond de sauce sur lequel se fabrique la ville… ». Son siège parisien, rue Auber, est aussi conçu pour faire rêver. L’accueil, avec son décor et son bar, évoque plus une startup de design qu’un investisseur-développeur qui pèse près de 2 milliards d’euros d’actifs immobiliers. « Notre métier est de créer des lieux de vie, d’échange et de partage », commente l'entrepreneur. « Un centre commercial se fait vivre tous les jours comme un lieu de spectacles ».

Avant d’être un acteur de l’immobilier, le président-directeur général du Groupe FREY s’est défini comme « un commerçant ». Dans les années 1990, il crée Planet Sport. L'enseigne mise sur l'ambiance – déjà -, et surtout sur la forte mise en avant des marques. Il prend aussi le temps d’analyser les sites d’implantation de ses magasins, les zones commerciales. « J’en voyais bien tous les atouts – la frugalité du modèle économique, la praticité d’utilisation – mais j’en voyais aussi tous les travers – la faiblesse de l’expérience proposée à l’usager, puisqu’elles ont été conçues pour la voiture, et l’occupation totalement folle du foncier. Aujourd’hui cela paraît une évidence, mais il y a encore dix ans on ne parlait pas de ZAN. En tant qu’utilisateur je me suis dit que ces zones pourraient être tellement mieux ! ». Il se lance dans le développement du concept de « retail park éco-responsable » Greencenter^®, dont le premier ouvre en 2008. 

Antoine Frey se revendique aussi comme « un provincial » ; parce qu’il vient de Reims, et parce qu’il renouvelle des zones commerciales d’entrées en villes en bardage métallique. « Aujourd’hui c’est dans ces zones de périphérie que cela va se passer », affirme-t-il. « Durant ces quinze dernières années nous avons développé un savoir-faire fabuleux avec nos équipes – aujourd’hui 100 personnes, des professionnels de l’aménagement, du développement, de la construction, de la gestion, de l’animation des lieux de commerce ». Un savoir-faire qui s’exprimera sur des sites où la ville se transformera avec plus de mixité et d’urbanité. En 2013, FREY avait réalisé une première requalification d’entrée de ville à Troyes, avant de décrocher la même année  le réaménagement de la Zone Commerciale Nord de l’Eurométropole de Strasbourg, et plus récemment celui de l’entrée de ville de Montigny-lès-Cormeilles, dans le cadre d’un partenariat avec la Banque des Territoires et CDC Habitat (lire aussi TU137, p.20). Pas de fausse modestie : « Nous sommes à un momentum où l’on va pouvoir potentialiser tout ce gisement de foncier. Et nous sommes les seuls spécialistes aujourd’hui à pouvoir le faire ! ». Il compte bien s’inscrire pleinement dans la mise en œuvre du plan gouvernemental de transformation des zones commerciales lancé au mois de septembre. Autre fierté pour Antoine Frey : la politique ESG de son groupe, « première entreprise à mission du secteur, première société cotée à avoir obtenu la certification B Corp ». Il s’en donne les moyens : ainsi pour la construction bois, plutôt que de faire venir la matière première d’Autriche, le groupe a créé un groupement forestier FoREY qui a acquis à ce jour près de 2000 hectares de forêts durablement gérées en France, pour d’une part approvisionner la filière bois française et contribuer à sa structuration et d’autre part garantir son propre besoin en sécurisant l’approvisionnement en bois de ses projets avec un matériau biosourcé, durable et local.