> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"
Conseillère régionale de Bretagne, Katja Krüger est déléguée aux coopérations décentralisées, à la solidarité internationale et à la mobilité des jeunes à l’international. De mai 2014 à juin 2020, elle a été successivement conseillère municipale puis adjointe à la maire de Rennes, déléguée au Bureau des temps de la ville ainsi qu’à la Petite Enfance en cours de mandat. Parallèlement, elle deviendra présidente du réseau national Tempo Territorial - nous sommes en 2017 - jusqu’au renouvellement du bureau fin septembre 2023. Elle en est désormais la vice-présidente aux relations internationales.
Née à Wuppertal, en Allemagne, Katja Krüger s’installe dans la capitale bretonne en 2001. Celle qui est également comédienne, chanteuse et assistante à la mise en scène apprécie de vivre dans une ville où la gestion des politiques temporelles par la Métropole facilite la coordination des temps personnels.
L’intérêt pour les rythmes urbains à chez elle une résonance politique et sociale forte : « La prise en compte des temporalités en ville vise à apporter plus d’égalité entre les citoyens ». Sa référence est italienne. Horaires des crèches, des écoles, des transports… « Dans les années 1980, des femmes arrivant sur le marché du travail se sont aperçu que les temps de la ville n’étaient pas adaptés à leur quotidien ». Cette préoccupation est aujourd’hui partagée par bon nombre de collectivités de l’Hexagone. « Il est de leur responsabilité de faire en sorte que les temps correspondent le plus possible aux besoins des citoyens », dit-elle. Pas d’injonction, juste un constat. Katja Krüger ne porte pas de jugement. Elle raisonne « bien commun ».
Pour comprendre, il faut se remémorer le rapport parlementaire « Temps des villes », remis en 2001 par Edmond Hervé, l’ancien maire de la Rennes. Voici ce qu’on y lit : « Prendre en considération le temps dans l’aménagement, c’est rechercher la meilleure relation entre ces lieux utiles que sont ceux de l’habitat, du commerce, du travail, des services publics, des loisirs… ».
Vingt-deux ans après, suivant ces préceptes et avec l’aide de la data, Rennes est devenue la première commune où il fait bon se déplacer à pied, selon le 2e baromètre des villes et villages marchables organisé par le collectif « Place aux piétons ». Ce n’est pas un hasard. La cité bretonne a entretemps développé une application de cartographie permettant de déterminer les durées nécessaires pour accéder en 5 minutes, depuis un point donné, à une boulangerie, une école, une banque, un service public, un espace culturel, une station de transport en commun… et réduire ainsi les zones blanches. Cet outil d’aide à la décision a notamment été utilisé pour établir le tracé le plus pertinent possible de la seconde ligne de métro de la commune, « afin que chaque Rennais soit à moins de 15 minutes à pied d’une station, et de renforcer également le logement social à proximité ».
Le nouveau mandat de Katja Krüger au sein de Tempo Territorial qui regroupe élus, chercheurs et acteurs des services territoriaux va l’amener à se tourner vers d’autres pays. « L’idée est d’identifier des pratiques de gestion du temps, et d’échanger avec les villes et collectivités du réseau européen qui travaillent sur la question. » Barcelone, qui a relancé ce réseau et « le porte fortement avec d’autres villes dont Rennes ou encore Bergame », a réussi à faire en sorte que le gouvernement espagnol prenne en considération la question des politiques temporelles. Un exemple à suivre chez nous ? Elle aimerait bien.