> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"
En votant il y a un an pour la nomination d’Alexandre Labasse à sa direction générale, le conseil d’administration de l’Apur a une nouvelle fois joué la carte de la continuité au regard de la feuille de route que Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo lui avaient fixée dès 2008, à savoir l’orientation métropolitaine de ses travaux. « Dans un contexte de défiance à l’égard des métropoles, j’en reste un fervent défenseur », pose en préambule celui qui préside par ailleurs l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles.
Alexandre Labasse a succédé à Dominique Alba, qui, comme lui, venait du Pavillon de l’Arsenal. Au sein de l’institution du boulevard Morland, Alexandre Labasse mena des études urbaines ambitieuses, s’intéressa très tôt aux pratiques émergentes, à la sobriété constructive, organisant notamment dès 2014 une exposition sur le réemploi. Il arrive donc avec le vécu nécessaire à l’indispensable transformation d’une métropole complexe. « Il y a toute une prospective à mettre en œuvre pour replacer l’humain au cœur des enjeux. Il s’agit de décrypter les changements de population, d’anticiper d’éventuels flux migratoires, de favoriser les initiatives citoyennes… En un mot, comment s’adapte-t-on au changement ? »
Il voit les Jeux olympiques qui s’annoncent comme une opportunité. « Ce qui m’intéresse en tant que nouveau directeur de l’Atelier c’est la capacité de l’événement à être un accélérateur de la transformation de la métropole, en termes de mobilités notamment ». L’Apur vient ainsi de publier le premier Atlas du Grand Paris cyclable (consultable en ligne sur www.apur.org), un document qui recense l’ensemble des aménagements réalisés ou en projet à l’échelle de la métropole, des communes et autour des futures gares du GPE. « En arrière-plan des JOP, il y a aussi des enjeux de végétalisation et de rafraîchissement de la ville, de transformation du périphérique, de baignade dans la Seine avec une quinzaine de sites candidats, dans Paris intra-muros mais également en amont et en aval ».
Depuis sa prise de fonction, réellement effective au printemps dernier, Alexandre Labasse dit apprécier ce « travail en atelier » (ça n’est pas qu’un mot) avec 80 personnes dont « la diversité des profils occupe tout le champ de la connaissance » mais également avec la trentaine de partenaires membres de l’association « avec lesquels nous construisons notre programme ». La multiplicité d’acteurs faisant la métropole pourrait d’ailleurs donner le vertige. « C’est pourquoi je prends le temps de trouver la juste place entre accompagnement et prospective ».
En attendant, ce pur « produit » de la métropolisation se considère « chanceux d’évoluer dans une métropole dynamique, où, quoi qu’on en dise, les projets se fabriquent ». Le simple fait de feuilleter le tout récent Atlas du Grand Paris cyclable aurait tendance à donner du poids à son propos. On peut ainsi y lire que de 2019 à 2023, le réseau est passé de 2614 à 4017 km et que 2150 km supplémentaires sont en projet ; que 20 % de la voirie métropolitaine comprend désormais un aménagement cyclable, équipements qui s’accompagnent de 160 000 places de stationnement et 530 commerces et associations en lien avec le vélo.
Après nous avoir entretenu récemment de la ville pavillonnaire, l’Apur prépare en collaboration avec Sciences Po un colloque sur la santé urbaine. « L’avantage de travailler avec des gens qui partagent une volonté commune est de pouvoir proposer une réponse plus fine aux problèmes qui se posent ». De la haute couture pour la capitale de la mode en quelque sorte.