Nicolas LAISNÉ Nicolas LAISNÉ

Il n’est jamais facile de brosser le portrait d’une star de l’architecture. Car en dépit de son (encore) jeune âge, Nicolas Laisné en est bien une, invitée à la 17e Biennale de Venise et consacrée par la réalisation, avec Dimitri Roussel, Sou Fujimoto et Oxo architectes, de l’Arbre blanc, à Montpellier, élu « plus bel immeuble d’habitation au monde » par le web media ArchDaily. Dans cette tour multi-programmatique de 17 étages se présentant comme un bouquet de porte-à-faux dans lequel viennent se glisser avec malice quelques escaliers on peut lire tout le parcours de son coconcepteur, d’abord marqué par une ouverture au monde.

« Après quatre ans chez Jean Nouvel à travailler sur des projets internationaux très techniques et très chers j’ai voulu aller vers plus de simplicité, je suis donc parti en Inde. » A New Delhi Nicolas Laisné rencontre Raj Rewal qui lui balance : « Tu sors d’une école d’architecture française ? Alors tu ne dois rien connaître aux détails. » L’Ecole de Marne-la-Vallée appréciera. Lors de son expérience de huit mois dans le sous-continent, le petit frenchie apprend de fait beaucoup : « une temporalité différente », « une adaptation systématique du bâti au climat » mais aussi que l’architecture utilitaire, par exemple un réservoir d’eau, n’est pas forcément un élément hors sol et qu’elle peut s’intégrer à la vie.

Le Japon est une autre source d’inspiration puissante de Nicolas Laisné, l’expressivité de l’Arbre blanc n’étant d’ailleurs pas sans évoquer les temples du vieux Tokyo qui empilent le bois sur de grandes hauteurs. « Il faut savoir que les bâtiments japonais sont entièrement démontables », explique celui qui a créé sa propre agence dès 2005, après s’être également formé auprès de Steven Holl, aux Etats-Unis. « L’architecture au Japon, c’est donc une manière de dessiner totalement différente. Avec, là encore, une exigence extrême jusqu’au traitement du dernier détail. »

L’œuvre de Nicolas Laisné se nourrit encore d’un style de vie méditerranéen, dans lequel la frontière entre intérieur et extérieur, dedans et dehors, est adoucie par des effets de seuil et de porosité. L’architecte transmet ainsi son esprit d’ouverture, sa vision décloisonnée, à son architecture, affranchie des dogmes et perméable à la nature. « Les œuvres qui se sont faites par accumulation, par strates successives, sont celles qui me touchent le plus. Comme ces villages italiens qui, bien que riches de différences, forment un ensemble cohérent. Parvenir à recréer une telle richesse dans un bâtiment nouveau serait formidable. »

Installée au cœur du quartier de la gare de l’Est, à Paris, l’agence Nicolas Laisné Architectes réunit une vingtaine de collaborateurs mais s’inscrit surtout dans un biotope intellectuel et créatif où dialoguent philosophes, ergonomes, botanistes ou encore data scientists. « Dans notre métier il faut accepter de ne pas être autoritaire. Je n’ai pas spécialement l’envie de transmettre mais plutôt celle de l’échange. L’agence est un ferment de talents et j’essaie toujours de développer autour de nous un écosystème de partenaires qui vont nous permettre d’innover. Chacun de nos projets donne lieu à la constitution d’une équipe pluridisciplinaire dédiée », explique-t-il. Parmi les opérations en cours : l’Atelier de l’Arsenal, place Mazas à Paris, le centre administratif de la Région Sicile à Palerme ou le campus Arboretum à Nanterre, MIPIM Award 2002 dans la catégorie « Best Futura Project ». Nicolas Laisné, star oui mais pas trop.

 

 

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Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains