> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"
Pour ses études d’architecture, Aude Landy-Berkowitz avait opté pour une école « très orientée sur les aspects sociétaux, les évolutions des modes de vie », Paris Malaquais. « Je voulais laisser une trace, bâtir quelque chose où les gens peuvent vivre. Participer à une œuvre commune, à l’acte de construire ». Elle fait ses premières armes chez Claude Vasconi, bonne mais rude école, où elle apprécie l’approche « à la fois sociétale et d’ingénierie, connaissant très bien la technique, faisant de la maîtrise d’œuvre d’exécution, permettant d’être architecte jusqu’au bout ». Elle accompagnera le projet de l’immeuble Magnetik, porte d’Orléans à Paris, jusqu’à la livraison : « ma plus belle expérience, avec une responsabilité totale, un travail d’équipe passionnant pour une jeune femme de 25 ans face à des équipes entièrement masculines et plus âgées, qui m’ont parfois pris pour l’assistante ». De quoi forger un peu plus un caractère déjà bien trempé.
Direction l’agence Valode et Pistre, avec pour son premier chantier le choix entre une prison et un centre commercial. Ce sera la restructuration de Beaugrenelle pour Apsys et Gecina, avec la Semea 15, dans un esprit « grand magasin ». Aude Landy-Berkowitz se souvient de l’opposition des riverains mais aussi de leur joie lorsque la rue Linois a été remise à ciel ouvert. A la suite d’une rencontre, l’architecte rejoint Klépierre en 2008 sur le projet du Millénaire à Aubervilliers puis sur la rénovation du centre commercial de Claye-Souilly, en milieu occupé, occasion d’un nouvel apprentissage marquant sur « la périphérie, les systèmes de centralité, d’exploitation et de contraintes ». Ce sera ensuite Immochan, branche immobilière du groupe Auchan, en 2015, pour « diversifier les activités, restructurer les équipes, aller chercher de nouveaux projets, intégrer du logement, améliorer la qualité architecturale, introduire la présence en centre-ville », « une fois encore en partant des besoins des gens ».
Ayant pris en 2018 la présidence du directoire de la Semop Gare du Nord 2024, Aude Landy-Berkowitz travaille plusieurs années sur ce projet mixte avec salle de spectacles, coworking, jardin public, restauration, etc., du concours à l’obtention du permis de construire - projet finalement retoqué. Entre-temps, elle rejoint Joachim Azan, le fondateur de Novaxia. Nous sommes en 2021 et le « recycleur urbain », à la fois investisseur et développeur, spécialisé dans la transformation d’usages par réhabilitation ou démolition-reconstruction, connaît une croissance intense : « en un an, on passe de 60 projets en développement à 120 ». Défi stimulant pour l’énergique directrice générale de Novaxia Développement, à son aise avec les enjeux forts et avec les objectifs de cette entreprise à mission. Elle n’exprime qu’un regret : « il n’y a en général pas assez d’architectes en maîtrise d’ouvrage, alors qu’ils apportent une ouverture, conçoivent les usages, etc. ». La mutualisation d’usages du siège de l’entreprise dans le 15e arrondissement de Paris, dont plusieurs espaces sont ouverts au public, prouve la faisabilité d’une nouvelle approche, à sa grande satisfaction.