Karine LAPRAY Karine LAPRAY

Tribu, tout est dans le nom. Pour comprendre le positionnement du bureau d’études qui revendique une approche transversale des enjeux environnementaux, il faut déployer l’acronyme. Il en révèle l’identité et les objets sociaux : technique, recherche, innovation pour le bâtiment et l’urbain. Tribu, c’est aussi un statut juridique de Scop, adopté au moment de la transmission de l’agence par ses fondateurs. Il en incarne l’esprit originel : des modes de fonctionnement collaboratifs et participatifs. Mais pas seulement ; ce qui se passe à l’intérieur se voit aussi à l’extérieur : « L’écoresponsabilité qui est notre cœur de métier implique de croiser les expertises dans de nombreux domaines pour être pertinent », indique Karine Lapray. Ingénieure énergie et environnement, enseignante-chercheuse maître de conférences à l’école d’architecture de Lyon depuis 2015, elle est aussi membre de Ville & aménagement durable depuis une vingtaine d’années. En 2003, elle crée l’antenne lyonnaise de Tribu pour, notamment, être au plus près des opérations du quartier de la Confluence.

L’activité quotidienne du bureau d’études est partagée entre l’opérationnel couvrant toutes les échelles et types de mission, et la R&D. Tribu participe régulièrement aux appels à projets de l’Ademe, comme Oasis Urbaines ou encore l’actuel RECRé, sur la renaturation des espaces de cours dans les écoles parisiennes. « La recherche nourrit nos projets », rapporte Karine Lapray. Elle profite aussi de ses échanges avec les étudiants de l’ENSAL pour alimenter le flux de questionnements sur la ville de demain : « C’est toujours bien de se faire bousculer par les générations qui arrivent et demandent qu’on leur ouvre une perspective positive, avec l’idée que ce sont elles qui vont résoudre une partie de la question. » La transmission de la connaissance constitue à ses yeux un levier fondamental de l’adaptation des espaces urbains et du bâti à la transition écologique.

Elle mise également sur la recherche y compris fondamentale pour optimiser les connaissances empiriques et faire progresser réglementation et modes d’intervention : « Aujourd’hui, tout le monde sait ce qu’il faut faire mais il manque encore d’outils de calcul afin, par exemple, de valider l’intérêt - dans le cadre d’une réhabilitation - de conserver des matériaux comme la pierre, le bois, la terre crue… pour leur confort et leurs propriétés énergétiques. C’est en allant chercher les qualités du déjà-là qu’on aura les capacités de s’adapter, en dépassant le stade de l’expérimentation et de la démonstration ». À l’heure de l’urbanisme négocié, elle invite aussi à prendre davantage en compte la démarche dans le diffus : « À Lyon, par exemple, les opérations y représentent 90 % de la production de logements ». La mission d’environnementaliste conseil qu’elle remplit auprès de la ville est devenue un bon vecteur pour ses messages. Elle y participe aux côtés des services d’instruction, des élus d’arrondissement, de l’architecte conseil et ses alter ego en urbanisme et paysagisme, des architectes des bâtiments de France… « On reçoit les pétitionnaires d’un projet pour faire avancer tout le monde, et pas que les plus convaincus ou les plus experts, sur la transition écologique et la qualité architecturale, paysagère et urbaine dans le cadre de la charte de la ville de Lyon ». Elle promeut ces temps d’échanges qui commencent à être mis en place dans les collectivités. « Ils sont très importants. La transmission de la connaissance doit passer à la vitesse supérieure pour ne pas rester qu’entre initiés et engagés », insiste-t-elle.

 

 

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

COUV-TU138_190-254.jpg

Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains