Un créateur de lieux de vie, de la studette aux espaces publics, tel est, selon Coralie Mantion, le premier rôle de l'architecte. « Il doit d'abord penser in situ, l'espace habité et en priorité l'humain qui s'y projette, avant de penser le bâti comme œuvre d'art », martèle cette ancienne dessinatrice en agence qui a repris des études à 30 ans, à l'école d'architecture de Montpellier, pour devenir architecte DE. « J'avais déjà beaucoup travaillé sur des projets de bureaux, de logements collectifs et de maisons individuelles », indique cette militante EELV (Europe Ecologie-Les Verts) entrée en politique il y a dix ans. Pragmatique, elle prône une « écologie des solutions » pour changer la ville.

En 2020, Coralie Mantion est élue au conseil municipal de Montpellier et à Montpellier Méditerranée Métropole. Elle y siège, pour son premier mandat, comme deuxième vice-présidente déléguée à l'aménagement durable du territoire, l'urbanisme opérationnel et la maîtrise foncière. La jeune quadra a, depuis, mis en suspens son activité d'architecte. La vision qu'elle a de son métier n'en imprime pas moins sa marque aux projets qu'elle porte désormais à l'échelle de 31 communes. Elle la conjugue avec son ambition d'une transformation du monde autour de l'écologie dont elle rejette la version punitive.

« L'aménagement du territoire c'est à la fois des espaces urbains, naturels et agricoles », résume l'élue pour qui l'impact d'un projet doit être réfléchi au-delà du quartier ou de la ville. Ceux qu'elle lance à Montpellier et dans la Métropole veulent tenir compte des dérèglements qu'ils pourraient engendrer sur le cycle de l'eau ou sur la biodiversité. « La ville habitée, nourricière, respirable et apaisée, doit être pensée par rapport à sa capacité d'accueil, à ses ressources », ajoute-t-elle. Et non sur les projections de l'Insee.

Aux portes de Montpellier, sur un site jusque-là réservé à l'urbanisation, Coralie Mantion pilote ainsi un projet de parc habité de 140 hectares, Les Bouysses : « L'urbanisation initialement prévue sur 46 hectares a été ramenée à 7 hectares ». L'agri-parc qui doit y prendre forme contribuera au développement déjà en cours d'une agriculture de proximité. L’élue pilote aussi le nouveau Plan local d'urbanisme intercommunal (PLUI) rebaptisé PLUI Climat, lancé en 2020, qui devrait être voté début 2025. Premier du genre dans la Métropole, Coralie Mantion le veut le plus vertueux possible. « Nous avons pris en compte le ZAN, avec l'objectif, d'ici 2035, de diviser par deux l'artificialisation des sols en se basant sur celle des dix dernières années. »

L'écologiste, qui s'est attelée à « préserver le vivant et l'être humain », attend des promoteurs qu'ils travaillent différemment, avec le patrimoine bâti et avec le végétal, à renforcer dans des projets urbains qui devront être pilotés en fonction de leur bilan carbone. « C'est plus complexe et plus coûteux, mais c'est primordial. Il faut savoir maîtriser la transformation de la ville et sa densification, en réfléchissant au-delà de sa parcelle. » A ses confrères architectes, elle suggère aussi de s’affirmer. Son idée : qu'ils proposent des logements alternatifs à même de se substituer à la maison individuelle. « Il faut de grands appartements avec des espaces extérieurs de qualité », défend-elle.

Coralie Mantion reçoit cinq sur cinq les alertes de confrères sur des filières à développer - une filière « terre » locale pour fabriquer des briques, par exemple. « Les architectes ont les solutions si on les laisse développer leur imaginaire. »

 

 

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Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains