> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"
« Nous constatons les conséquences de la sédentarité sur la santé, et notre mission est de faire bouger dès la petite enfance, avec des outils comme le design actif, pour donner envie et favoriser la promotion de l’activité physique et sportive ». Dans la bouche de Carole Marcou, ces mots sont le fruit de la conviction et de l’expérience. La présidente de Pro Urba a démarré son parcours en 1990. Alors âgée de 20 ans, la passionnée de sport met toute son énergie de gymnaste dans la petite société Divers Cité de Patrick Jourdain à Rillieux-la-Pape, spécialisée dans les installations de sports et loisirs. Carole Marcou développe ses savoir-faire, noue une proximité avec les paysagistes concepteurs, et s’investit jusqu’à racheter une dizaine d’années plus tard la totalité des parts de l’entreprise, qu’elle va co-gérer avec son mari Gilbert Mathot.
« A cette époque, le marché français n’est constitué que par quatre acteurs à Lyon, Saint-Etienne, Avignon et Toulouse ». A l’initiative de Divers Cité, ces petites structures se regroupent pour communiquer et proposer une offre complète avec des jeux, du mobilier urbain et des équipements sportifs. Etape marquante en 2005 : la société obtient une partie de l’aménagement de l’emblématique parc de Gerland conçu par Michel Corajoud : « il représentait 50 % de notre chiffre d’affaires ! » Elle acquiert alors la visibilité nécessaire auprès des prescripteurs pour accélérer son développement.
C’est à cette époque que Carole Marcou apprend qu’Eliane Cumet, fondatrice de Pro Urba, envisage de vendre. « A Divers Cité, nous avions le culte du client, tandis que Pro Urba possédait le génie de l’anticipation des nouvelles tendances ». Le rachat se matérialise en 2011. La nouvelle entité garde le nom de Pro Urba et Isabelle Pertuis (décédée le 21 août 2021), salariée historique et pilier de Pro Urba, entre au capital.
Avec aujourd’hui 100 collaborateurs, le fabricant dispose d’un bureau d’études intégré en ingénierie et en design pour aller de la conception à la maintenance. « En pleine transition sociétale et urbaine, il devient impératif d’intensifier la prise en compte de l’usager », souligne Carole Marcou.
Il s’inscrit dans la réalisation des cours d’école « oasis », développe une spécialité jeux d’eau, travaille sur des espaces publics, retails paks, bases de loisirs, aires d’autoroute… Son engagement dans une démarche RSE passe par le développement de l’utilisation de matériaux biosourcés (comme pour l’aire de jeux en bois intégrée dans le paysage au Jardin d’acclimatation à Paris), le réemploi sur ses chantiers, la R&D pour rendre les sols écologiques et perméables.
Son leitmotiv : « transformer des lieux de passage en lieux de destination et de partage, multi-usages et inclusives ». Des aires de jeux accessibles aux enfants en fauteuil, avec des jeux dynamiques ancrés dans le sol ; la participation à la requalification du front de mer à Calais (conception : agence BASE) faisant la part belle au design actif ; des toboggans pour doubler l’escalier menant à la médiathèque de Grasse ; une structure de 14 mètres de hauteur comme signal de l’aire de jeux de la « Shopping promenade » cœur d’Alsace à Strasbourg ; des sols polyvalents, « pourquoi pas sonores, lumineux et connectés »… La liste est longue, et la cheffe d’entreprise ne se lasse pas de décrire ses créations avec un dynamisme pour le moins communicatif et sur lequel le temps ne semble avoir aucune emprise.