Alexis MARIANI Alexis MARIANI

C’est peut-être à sa jeunesse passée entre Marseille et la Corse qu’Alexis Mariani doit sa conscience environnementale aiguë. « Le lien entre la ville et la nature m’a toujours semblé évident. » Et ce lien a balisé son parcours. Alexis Mariani oriente tout d’abord ses études dans cette direction : Polytechnique spécialisation Environnement, Ecole des des Eaux et des Forêts, DEA (Master 2) Economie des ressources naturelles à Paris 1. Au changement de millénaire, le sujet n’est pas encore politiquement intégré et ceux qui le portent font figure de pionniers. Le secteur public lui tend donc les bras. Alexis Mariani travaille sept ans pour le ministère de l’Ecologie. « Au début nous n’avions pas beaucoup de cadres et d’outils pour agir. Nous étions écoutés mais l’écologie n’était encore qu’un à-côté de l’économie, qui avait toujours la primeur. Et puis j’ai vu le rapport s’inverser, un changement de posture s’opérer dans la fabrique de la ville et finalement le vivant faire sa place au cœur du projet de territoire. »

En 2009, Alexis Mariani s’envole pour Washington, où il intègre la Banque Mondiale dont il va conduire durant deux ans le programme « Villes et changement climatique » du Fonds pour l’Environnement Mondial. Il se retrouve en Algérie, au Bénin, en Colombie, « les mains dans le cambouis », souvent confronté à la lenteur et aux blocages, mais aussi témoin de formidables réussites, telle que l’articulation des transports et de l’urbanisation dans les villes sud-américaines. « Ces années-là sont aussi celles de l’émergence d’une notion qui s’est depuis généralisée : le budget carbone. »

A son retour des Etats-Unis, Alexis Mariani atterrit dans le Nord. Durant cinq ans, il est le Directeur de l’aménagement urbain et des espaces naturels de la Métropole européenne de Lille (MEL), où il pilote notamment les grands projets de renouvellement urbain, mais aussi de parcs métropolitains dans une agglomération qui manque cruellement de verdure. La suite s’écrit à Rennes, dont le projet métropolitain se construit sur la base de politiques sociales très innovantes (loyer unique du logement social, organisme de foncier solidaire) mais également sur de grandes trames naturelles. « Lille et Rennes sont deux exemples forts de villes en rapport avec leur géographie. »

C’est l’envie de « dépasser l’étape des intentions et de passer à l’action » qui, en 2021, guide les pas d’Alexis Mariani jusqu’à Setec, groupe d’ingénierie pluridisciplinaire français créé en 1957, dont les 3 500 collaborateurs sur les cinq continents se définissent comme « ingénieurs et citoyens ». « Notre interdisciplinarité permet d’appréhender l’urbain dans une logique systémique. Et nous sommes aujourd’hui en mesure d’apporter un certain nombre de solutions concrètes aux enjeux de décarbonation, régénération urbaine et résilience des territoires. » Fait-on suffisamment ? Va-t-on assez vite ? « Nous nous trouvons dans un moment d’incertitude majeur. Cela peut basculer d’un côté comme de l’autre. Le point positif c’est qu’il existe une indéniable volonté, chez les élus comme chez les aménageurs. Or les villes, dans une dimension territoriale large, ont un rôle moteur à jouer, elles peuvent faire beaucoup pour la décarbonation et l’adaptation, elles disposent des leviers pour cela, et les agences d’ingénierie ont des solutions opérationnelles à leur proposer. Car c’est de cette approche concrète qu’a aujourd’hui besoin l’aménagement durable. Maintenant, si les villes sont les seules à passer à l’action il est clair que cela ne suffira pas, et c’est la raison pour laquelle tout le monde doit s’engager. »

 

 

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

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Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains