Delphine MOUROT Delphine MOUROT

©Alain Delorme

L’Observatoire de l’immobilier durable (OID) sied bien à Delphine Mourot. Elle y avait effectué un stage en 2020 en conclusion de son cursus d’études supérieures passé par l’IEP de Bordeaux, l’université de Stuttgart en Allemagne et celle de Bordeaux pour un Master 2 d’ingénieur-économiste de l’énergie et de l’environnement. « Et j’y suis restée », souligne-t-elle, pour rapidement prendre en charge une « mission passionnante » : faire à la biodiversité sa place qui s’impose de plus en plus dans la fabrication de la ville.

Cette quête encore émergente requiert l’interaction entre les mondes de la recherche, de l’aménagement, de la promotion et de la gestion immobilière. Il lui faut trouver les fonctions et les personnes en mesure de susciter un tel dialogue et de l’animer. La direction du programme BIG (Biodiversity Impulsion Group) qu’assume Delphine Mourot depuis son lancement fin 2021 au sein de l’OID comble un tel besoin. Vingt entreprises - gestionnaires d’actifs, acteurs de la promotion, utilisateurs - témoignent de leur engagement dans une telle démarche en étant partenaires du programme. Elles s’y efforcent de puiser dans les vertus de l’intelligence collective et de la démarche collaborative pour aboutir à la confection d’indicateurs pouvant objectiver autant que possible les enjeux écologiques du territoire d’implantation des bâtiments et projets, et adapter les plans d’action en conséquence. En somme, conjuguer risques et opportunités, et identifier les sites et immeubles les plus adéquats pour accueillir de la biodiversité. 

Dans cette œuvre collective, la jeune femme de 25 ans joue notamment le rôle de courroie de transmission avec les chercheurs en écologie et en urbanisme, les pouvoirs publics, les entreprises, les collectivités, etc., ce que légitime son parcours diversifié d’études dans les sciences sociales et politiques et l’ingénierie de l’environnement. « Nous nous appuyons beaucoup sur les scientifiques afin d’assurer la robustesse de nos travaux. Les critiques de nos hypothèses et modèles sont précieuses, pour garder une vision transversale indispensable et s’inscrire dans la philosophie d’amélioration continue de BIG », expose Delphine Mourot. Les indicateurs confectionnés (défi écologique du territoire, continuité écologique, pressions sur la biodiversité, potentiel d’accueil des bâtiments, etc.…), riches déjà d’une base de 80 000 bâtiments, s’agrègent en effet dans une plateforme en mode open source Resilience for Real Estate, de sorte à former le contenu de l’outil cartographique BIODI-Bat, « produit » de BIG.

La feuille de route de la directrice du programme est encore fournie : « Continuer d’enrichir la base de données sur des indicateurs d’évaluation des bénéfices liés à la biodiversité, étendre le cercle des partenaires aux collectivités et aux bailleurs, se positionner sur l’après RE 2020 de sorte à intégrer enfin l’impact sur la biodiversité dans la construction neuve, accompagner les professionnels dans leur montée en compétence », expose-t-elle. De quoi justifier la poursuite du programme dont le terme officiel est fixé à la fin de l’année 2024.

 

 

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

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Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains