Lily MUNSON Lily MUNSON

Récemment nommée secrétaire générale de Villes vivantes, Lily Munson est une ardente promotrice du BIMBY (build in my backyard), à savoir la construction de nouveaux logements dans les jardins des habitants, et par les habitants eux-mêmes.

Sa conviction s’est forgée au Pavillon de l’Arsenal, en décembre 2018. Elle y découvre la start-up iudo et son expérimentation d’intensification pavillonnaire en Île-de-France menée dans le cadre de l’appel à projets FAIRE Design. Une exposition qui agit comme un révélateur pour l’alors conseillère politique en architecture et urbanisme au cabinet de Jean-Louis Missika à la Mairie de Paris. Quand le même la sollicite pour contribuer à La grande conversation, revue intellectuelle et politique de Terra Nova lancée en octobre 2021, elle saisit l’opportunité. À l’arrivée, une note remarquée : « Comment le petit propriétaire d’un pavillon de banlieue peut résoudre la crise du logement ». Elle s’explique sur cette mise en avant : « La densification pavillonnaire m’est apparue comme l’un des outils que l’on pourrait utiliser afin de répondre à [cette crise] et qui était passé sous les radars ». Il est vrai que ce mode d’habitat égrené autour des villes centres n’a plus la cote. « C’est une tendance urbaine qui se heurte à la volonté très forte de planification des organismes et de l’Etat. Dans la tradition française, toutes les banlieues pavillonnaires se sont plutôt faites par des initiatives d’aménageurs et de constructeurs régionaux et des petites communes qui ont voulu attirer des habitants en faisant un peu d’étalement urbain, dans une forme d’anarchie et donc sans plan organisé. » Elle regrette le pavillon bashing en vogue. « C’est le paysage de près des trois quarts de la population française, c’est bien qu’il a un charme particulier ». Sa proposition est simple : « On se rend compte en étudiant les différents PLU et en projetant la création potentielle d’unités supplémentaires d’habitations ou d’activités qu’on a vraiment un stock foncier. Il suffirait d’ajouter un logement de 70 m² en moyenne sur seulement 5 % des terrains individuels d’Ile-de-France pour atteindre l’équivalent d’une année des objectifs métropolitains de 70 000 logements/an issus de la loi sur le Grand Paris. »

Son article lui vaut un rapprochement avec Villes Vivantes. Le combo d’architectes, d’urbanistes et de paysagistes travaille depuis dix ans sur la production de modèles alternatifs de logements dans une approche BIMBY. Dans ses nouvelles fonctions, elle entend bien « prouver la pertinence […] de cette densification douce par les habitants. » Elle cite en exemple l’opération menée à Périgueux, avec 250 nouvelles habitations sur des parcelles pavillonnaires de tous les quartiers de la ville.

Si l’acception du mot pavillon est multiple, son devenir semble se resserrer dans une même direction. Pour Lily Muson, « le futur de la ville se fait dans la dentelle. Les gens ont une exigence exceptionnelle qui est bien compréhensible pour tous les projets. Les rendre eux-mêmes acteurs de la solution et les faire participer à la création de logements est un outil merveilleux de démocratie et de participation citoyenne effective. C’est aussi la juste échelle pour l’urbain de demain. » Elle plaide pour la création d’un statut de micro-promoteur qui permettrait de lever freins réglementaires, fiscaux, et financiers afin d’exploiter ce gisement de foncier. « Les petits propriétaires peuvent être des contributeurs actifs à la production de logements, mais aussi d’une meilleure biodiversité en ville à travers leurs jardins »

 

 

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

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Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains