Magali TALANDIER Magali TALANDIER

Docteure en urbanisme et aménagement du territoire, économiste de formation, enseignante à l'Institut d'urbanisme de Grenoble, chercheuse au laboratoire Pacte, Magali Talandier, 48 ans, s'est forgé une stature nationale. Elle est aussi auteure de nombreuses publications et d'ouvrages, pas moins de trois sont sortis au début en 2023. « Je suis sursollicitée, mais c'est tant mieux », lance-t-elle, avec le sourire, et ce petit accent qui ne l'a jamais quittée, celui de Narbonne, sa ville natale.

Métropolisation, ruralité, mobilités, transition... Ses centres d'intérêt entrent en résonance avec les enjeux actuels des territoires. Sorte de chercheuse « couteau suisse », Magali Talandier aborde des problématiques très variées à des échelles qui le sont tout autant. Elle peut aussi bien se pencher sur le covoiturage en France, à travers un programme de recherche académique, que prêter main forte à un syndicat mixte pour son Scot, sur une question précise, par exemple la réindustrialisation.

Responsable de la plateforme Popsu Grenoble dans le dernier programme autour des transitions, au comité scientifique qui assure la cohérence entre les actions de recherche. La Ville de Grenoble la nomme présidente du comité scientifique « capitale verte et transition » de la région urbaine grenobloise. « Je viens d'intégrer le nouveau conseil scientifique des ruralités », annonce-t-elle. Autre consécration et pas des moindres, elle rejoint en 2021 le prestigieux Institut universitaire de France : « C'est une reconnaissance officielle de l'Etat français qui donne les moyens, à une centaine de chercheurs, de développer ses recherches dans des conditions optimales ». Et ce pour une durée de cinq ans.

« Dans les sujets que je traite, le lien à l'action, à la décision est central. Cela fait vraiment partie de ma façon de faire de la recherche », tient à souligner Magali Talandier. « Mon souhait est que mon travail serve à éclairer l'action publique locale ». Ce besoin d'être utile lui vient de son premier métier, expose-t-elle. Son DEA d'économie en poche, Magali Talandier exerce d'abord la profession d'économiste pendant trois ans « sur les questions agricoles et alimentaires ». Puis elle rejoint une ONG en Afrique. Au cours de cette mission de terrain, elle sillonne plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, rencontre les acteurs locaux pour, in fine, évaluer les impacts socio-économiques du tourisme sur les populations.

Cette expérience l'amène à prendre conscience de son intérêt pour l'aménagement de l'espace et la géographie économique. « J'ai eu envie de creuser cela ».  Elle reprend ses études, opte pour un DEA en aménagement du territoire. « Cela m'a finalement tellement plu… et puis on m'a proposé un financement de thèse. C'est comme cela que j’ai mis un pied dans la recherche et que j'ai découvert le métier d'enseignant ». Dans cette période charnière, la future chercheuse mène aussi de front sa vie de jeune maman. « J'habitais à la campagne et je venais à Paris pour mon travail ».

Un tournant important dans sa carrière ? « Ma collaboration dans le programme Popsu », répond-t-elle. « Depuis, mes objets de recherche me conduisent à ne plus penser seulement développement mais aussi résilience : c'est l'idée de s'adapter aux chocs, comment les territoires vont accompagner ces changements majeurs ». Au cours de ses travaux, Magali Talandier met en lumière la notion d'hospitalité comme condition même de la résilience, au même titre que le changement de modèle économique. « Nos villes ne seront pas résilientes si on ne se prépare pas à l'accueil de l'autre, qu'il vienne de la campagne, ou de bien plus loin ». 

 

 

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

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Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains