Elisabeth TAUDIÈRE Elisabeth TAUDIÈRE

© Alban Van Wassenhove

On appelle cela une vocation : ses premiers questionnements, alors qu’elle était encore étudiante, sont devenus au fil du temps le fil conducteur de son activité : à l’École nationale supérieure des arts et industries de Strasbourg, où elle avait choisi l’option Architecture, elle a « découvert avec une grande curiosité ce qui [m’]entoure, pourquoi et comment un bâtiment existe, qui l’a dessiné, avec quels matériaux il a été construit. Mon diplôme a ensuite porté sur le processus de conception en architecture ». Depuis, Elisabeth Taudière creuse inlassablement le sujet et fait œuvre de transmission de ces savoirs auprès du public.

Native d’Ile-de-France, elle vit à Caen depuis 28 ans, où elle a fondé plusieurs associations centrées sur la médiation autour de l’architecture et de l’urbanisme : pour accompagner habitants et scolaires lors de la rénovation urbaine menée par la ville d’Hérouville-Saint-Clair, puis par celle de Caen. En 2012 elle devient co-directrice de la Maison de l’architecture de Basse-Normandie. C’est l’époque où le ministère de la Culture encourage la médiation auprès des établissements d’enseignement et des habitants : « Nous avons alors lancé des résidences d’architecture ». Avec son équipe elle développe un « projet culturel pour révéler le génie des lieux, les différentes manières d’habiter, le patrimoine, etc ». 

De fil en aiguille elle tisse des liens solides avec de nombreuses structures en Normandie : les CAUE, les parcs naturels régionaux (PNR), des collectivités, l’Ordre des architectes Normandie, les Maisons de l’architecture et des structures locales très variées… Elle collabore toujours étroitement avec la Drac et la Région Normandie, et étend son propre réseau à toute la France. » En 2017, un de ses projets de médiation « La ville réinventée » est lauréat du Cube d’Or de l’International Union of Architects, Architecture & Enfants qui lui sera remis à Séoul en Corée.

En 2016, la Maison de l’architecture de Basse-Normandie devient Territoires pionniers. Au sein de cette structure culturelle basée à Caen, Elisabeth Taudière poursuit ses réflexions, initiatives et actions culturelles, dont Chantiers communs, avec un objectif : imaginer et explorer des manières de « réhabiter » la Normandie. Pendant un mois, chaque printemps, Chantiers Communs propose des rencontres, des découvertes, des balades, des chantiers participatifs, des stages mêlant danse et architecture ou encore des workshops. Des événements à échelle humaine, sur le terrain, qui permettent aux visiteurs d’appréhender autrement leur environnement, leurs paysages, leurs villes et leurs campagnes. Elle se réjouit de constater que des habitants, des élus locaux, des aménageurs et désormais des promoteurs et des agents immobiliers y participent. Décidée à repenser la gouvernance des projets et les façons de faire, à « secouer l’inertie qui paralyse la fabrique de la ville », elle travaille actuellement sur de nouvelles résidences « désormais thématiques », précise-t-elle : le réemploi dans le bâtiment, en collaboration avec le Club Bâtiment Réemploi Normandie, « parce qu’il y a des freins techniques certes, mais surtout des freins culturels » à cette démarche ; et la commémoration du 80e anniversaire du Débarquement en 2024 : « Nous voudrions croiser les enjeux du patrimoine de la Reconstruction en Normandie avec les travaux du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) »

 

 

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

COUV-TU138_190-254.jpg

Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains