Magali VOLKWEIN Magali VOLKWEIN

© D&A

« Chouette » : au cours de la demi-heure d’entretien l’adjectif est souvent revenu dans son propos, comme un leitmotiv. Magali Volkwein déborde d’un enthousiasme communicatif. Elle vous convaincrait presque qu’il est encore possible de changer le monde, à condition d’embarquer le ban et l’arrière-ban. C’est pourquoi la présidente (depuis 2021) de D&A (60 personnes : un tiers d’architectes, un tiers d’urbanistes, un tiers de paysagistes) se voit comme une « traductrice », une sorte d’interprète de la ville bas-carbone pour tous : « Quand Christian Devillers a décidé de céder son agence, l’un des enjeux forts de la reprise a été de fédérer un collectif d’une dizaine d’associés autour d’une vision commune. Pour penser la ville du territoire à la bordure de trottoir il faut en outre savoir travailler avec tous les acteurs, publics comme privés, et ce à toutes les échelles. D’où un besoin constant de traduction. » Magali Volkwein apparaît alors comme une succession logique pour incarner cette transversalité.

Son parcours sans-faute (major de promotion du master d’architecture de l’Insa Strasbourg, lauréate ex-aequo d’Europan 8, Prix Tony-Garnier 2004) plaide, bien sûr, en sa faveur mais sa valeur ajoutée tient peut-être dans son « pedigree ». Magali Volkwein est née d’un couple franco-allemand et a grandi à Strasbourg dans les années 80. Sa jeunesse est imprégnée d’une conscience écologique forte – « on triait déjà nos déchets à la maison » - et de fédéralisme. « Cela a clairement déterminé la vision que j’ai de la ville », convient-elle. « Ce n’est pas la vente mais la revente qui m’intéresse. A quoi ressemblera dans dix ans ce que l’on fabrique aujourd’hui ? »

Toujours « entre voyage et ancrage », elle passe son diplôme à l’université de Bath, en Angleterre. Après son master, elle passe deux ans chez Marc Mimram et trouve encore le temps de faire le tour du monde. A son retour elle travaille un an pour Laurent Bécard et fait la connaissance de Christian Devillers sur le projet ViaSilva 2040 à Rennes, « ma grande rencontre professionnelle ». Elle intègre D&A en 2008 dont elle va occuper le poste de directrice du pôle urbanisme durant plus de dix ans. Elle est alors amenée à travailler sur de grands sujets prospectifs, tels que les Routes du Futur du Grand Paris, qui firent l’objet d’une exposition au Pavillon de l’Arsenal en 2019.

Cette alliance de la recherche et de l’action, qu’elle met également au service de l’enseignement (à Sciences Po de 2018 à 2021 puis aujourd’hui au sein du jury PUCA/POPSU Prix de la thèse de la ville), est le fil conducteur de la carrière de Magali Volkwein qui se passionne actuellement pour deux opérations de natures très différentes. « La Grande porte des Alpes, dans la métropole lyonnaise, qui consiste à développer un cœur agroforestier de 1 350 hectares, a, à notre sens, la capacité d’être demain un inverseur local de climat ». Après le chemin de fer et les autoroutes, Magali Volkwein est convaincue qu’est venu le temps de ces grandes infrastructures à même de retourner la tendance mortifère. Mais elle croit aussi à « un quotidien heureux dans une ville ordinaire ». C’est le sens de l’IBA à la française que conduit D&A à Saint-Dizier, sur le modèle d’Emscher Park dans la Ruhr. L’innovation est ici dans le montage : la réunion de fonds publics au service de la régénération d’une ville comme en habitent vingt millions de Français. Magali Volkwein nous parle d’une ville « fraîche, à la densité moyenne permettant le bio/géosourcé, avec accès au commerce et à la nature en quelques minutes de marche ». Une ville allemande, en quelque sorte. 

 

 

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

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Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains