Stella GASS Stella GASS

Petite, elle ne s’imaginait pas autrement que dans une blouse verte de vétérinaire… L’échec à l’issue de la prépa fut rude. « Au service d’orientation, une conseillère m’a dit que je devrais travailler dans la géographie et faire de l’aménagement du territoire. J’ai trouvé ça ubuesque… », sourit aujourd’hui Stella Gass, tout en saluant la clairvoyance de son interlocutrice d’alors. Maîtrise de géographie à la Sorbonne puis DESS en aménagement du territoire - à Tours - sur la dynamique des paysages et l’organisation des espaces ruraux, l’Alsacienne s’immerge alors dans le Parc naturel régional du Morvan, à la faveur de stages. « J’ai adoré ce territoire. La manière dont sont perçus le développement et les enjeux de de biodiversité, me reste aujourd’hui ». Tout comme cette phrase prononcée par son directeur au sein du département de l’aménagement et de l’environnement de la Région Bourgogne, dans l’élan d’un premier poste : « quelle que soit la fonction dans laquelle vous évoluerez au cours de votre carrière, vous devrez toujours veiller aux enjeux environnementaux »…

Le conseil date du début des années 2000. Mais il reste ô combien d’actualité pour l’actuelle directrice d’une Fédération nationale des Schémas de Cohérence territoriale (Fédé Scot), qui doit aujourd’hui intégrer les incertitudes liées au dérèglement climatique, à l’érosion de la biodiversité et encore à la pression sur la ressource en eau, pour accompagner les 447 Scot dans l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies territoriales. Elle, se décrit comme « le petit bout d’une équipe » ou la « cheville ouvrière » d’un réseau d’élus et de techniciens « qui eux, font le territoire ». Elle regrette « que ces femmes et ces hommes dotés d’une vraie vision d’aménagement ne soient pas suffisamment valorisés et reconnus ». Référence directe à la loi du 20 juillet 2023 visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs de lutte contre l’artificialisation des sols. A ses yeux, « il convient absolument d’associer à l’avenir ces spécialistes qui ont abattu un travail énorme sur ce dossier du ZAN, notamment en conférence des Scot ».

Stella Gass préfère grandement l’ombre à la lumière. Les dossiers aux discours. Son parcours de technicienne en atteste : après la Région Bourgogne, elle file du côté des Vosges centrales pour y élaborer le premier Scot. Elle y est recrutée en 2004 par Michel Heinrich, alors maire d’Epinal (Vosges), personnage central de sa carrière puisqu’elle l’a retrouvé en 2018 à la Fédération des Scot dont il est toujours le président. « Il fait partie de ces élus locaux qui ne se font pas mousser mais qui bossent beaucoup, pour l’intérêt général, et savent emmener leur territoire ». Au passage, la technicienne a participé – « avec d’autres » s’empresse-t-elle de préciser… - à la création de cette fédération en 2007. « A l’origine, il s’agissait d’une assemblée techniciens », rappelle-t-elle. Son parcours de « Scoteuse » l’a aussi conduit à mettre en œuvre le Scot de la Région de Strasbourg (2007-2010), avant de gagner le Conseil départemental du Bas-Rhin (2010-2018), entre les directions de l’aménagement du territoire, des politiques publiques puis le cabinet. De quoi au passage se frotter à sa réforme territoriale toute personnelle. Du moins celle qui lui tient à cœur : « Je fais effectivement partie de ces Alsaciens qui militent et oeuvrent en faveur d’un retour à une région Alsace. C’est un sujet important pour moi », conclut-elle. Aux petits soins non pas des animaux finalement, mais des territoires.

 

 

 

> Commander Traits Urbains n°138/139 "Les 100 qui font la ville en 2023"

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Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains